Le déclin de Marine Le Pen et le triomphe d’Eric Zemmour (par Nicolas Bonnal)
J’aurais préféré me taire parce que j’adore le
père et que je pensais que l’idéal, même faiblard, tiendrait… mais tant pis, je me lance. Les scores dont on a fait grand cas l’an dernier ne sont pas meilleurs en 2012 qu’en 2002 quand les deux
candidats nationalistes caressaient les 20% déjà au premier tour de la présidentielle la plus géniale de l’histoire. Depuis, on fait du surplace, depuis on régresse, quoiqu’en pensent les experts
en dédiabolisation.
Dernièrement Eric Zemmour ironise : le FN devient un parti de gauche, voire d’extrême-gauche. Ce n’est pourtant pas un extrémiste, Zemmour, sauf pour les fous (il y en a).
Voyons voir : le Front
National de Marine Le Pen est-il en perte de vitesse ? Le message de l’ex-parti le plus diabolisé du monde est-il encore bien reçu ? Y a-t-il encore un message, d’ailleurs ? Ou est-on en train de
le brouiller, le beau parti débarbouillé, pardon, dédiabolisé ? Et a-t-on compris en pas très haut lieu que le 13 janvier fut une splendide occasion gâchée ? A-t-on compris que pour Chesterton la
famille est le seul État qui crée et aime ses citoyens, et que pour cette raison il vaut tous les États et tous les partis du monde ? Ou s’est-on soumis platement aux commandements d’une
camarilla et d’un lobby noyauteur par trop efficaces ? Car depuis quand le FN se doit-il d’être le parti islamophobe alors qu’il est le parti de la patrie française trahie par les gaullistes,
depuis quand le FN est-il devenu le parti de l’ultra-laïcité, alors que cette laïcité a fait depuis 1870 le lit de l’hexagone moderne nihiliste et jouisseur, mais arrogant et harceleur ? Et
depuis quand le FN sozial promeut-il un SMIC ridiculement élevé alors qu’il était le parti de la baisse des impôts ? Depuis quand et pourquoi, surtout, le FN ne veut-il plus être le parti de la
pensée sauvage, comme l’avait superbement baptisé Jean Baudrillard ?
On ne peut pas être mieux dénoncé (je n’écris pas trahi) que par les gens qui vous voulaient du bien, ou attendaient beaucoup de vous. Surtout lorsque ces gens ont du talent. Je pense à un journaliste célèbre et courageux.
Il faut
voir cette étonnante émission : Eric Zemmour tentait avec son culot et sa faconde de remonter les pendules du flageolant Front National et de rappeler Marine Le Pen non pas à l’ordre nouveau mais
ancien, celui de la famille par exemple (si j’ose dire il voulait la rappeler sous les drapeaux !). Comme elle a peu d’arguments pour justifier son absence remarquée le 13 janvier dernier au
défilé du sauvetage de la famille française, Marine Le Pen se braque et s’en prend de sa grosse voix toujours enrouée à la personne de notre journaliste préféré ainsi qu’à celle de son compère.
Elle s’embrouille et nous sort un brouet politique sur les raisons de ne pas y aller pour ne pas tomber dans le piège du gouvernement (alors que c’est en n’y allant pas qu’elle y est justement
tombée), qui détourne l’attention de la situation sociale qui est si grave et patati patata.
Quel argument sot, tout de même. Car la situation sociale est grave, elle l’est d’ailleurs depuis mille ans, mais elle ne rassemble pas un million de personnes dans la rue. Elle ne rassemble plus, la situation sociale. La famille, oui, rassemble : et c’est pourquoi ils vont l’achever, les socialistes. Lire la suite