Fuite de gaz de Rouen : on a connu le gouvernement plus bavard
On a de la chance avec ce gouvernement. Il est transparent
et adore communiquer. Prenez le mariage pour tous. Combien de fois avons-nous entendu Najat Vallaud-Belkacem sur le sujet ? 10 fois ? 20 fois ? Et sur l'antisémitisme sur twitter ? Et sur les
problèmes de désignation d'un chef à l'UMP ? Et sur le caractère démocrate ou non de la Russie de Poutine ?
En revanche, quand il s'agit d'alerter les Français d'un risque sanitaire majeur, il n'y a plus personne.
Attention, évacuons tout de suite un faux procès. Il ne s'agit pas (encore) d'accuser le gouvernement d'avoir provoqué un accident et d'être responsable. Il s'agit uniquement de noter que, quand on regarde la communication officielle autour de la fuite de gaz de l'usine chimique Lubrizoil de Rouen, on se dit qu'on a connu plus bavards. [...]
21 janvier à 13h10 : la préfecture de Seine Maritime sait qu'il y a une fuite de gaz dans une usine [classée Seveso] (source 76actu).
22 janvier à 8h54 : selon le Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (Cogic) de la sécurité civile, ce gaz n’est pas toxique (source Dépêche du Midi).
22 janvier à 12h21 : des stadiers de l'OM sont malades et vomissent (source La Provence).
22 janvier à 22h16 : personne n’était en mesure de donner la quantité exacte de produit libéré par l’usine, pas plus que les concentrations d'éthylmercaptan dans l’atmosphère (source Libération).
22 janvier à 22h32 (UK)/23h32 (FR) : Emergency officials in southern Kent advised residents "to keep doors and windows closed due to a gas cloud" (source BBC).
23 janvier à 7h24 : la ministre de l’écologie Delphine Batho a annoncé qu'une enquête administrative sera ouverte sur cette pollution (source Paris Normandie), mais toujours "pas de risque pour la santé". C'est répété sur le site du gouvernement, alors qu'ils ne savent pas quelle quantité de gaz a été relâchée.
23 janvier à 14h00 : le parquet a ainsi ouvert une enquête pour "mise en danger de la vie d'autrui" (source Le Monde).
24 janvier à 11h10 : la Place Beauvau et le Ministère de l’Écologie ont annoncé qu'ils considéraient comme nul le risque pour la santé humaine (source Les Échos).
Christian Sommade, délégué général du haut-comité français pour
la défense civile, note sur Atlantico que le
système d'alerte français est obsolète et qu'il n'y a pas de moyens de prévenir les Français en temps réel. Cette excuse est un peu légère car la place Beauvau, quand elle veut retrouver
quelqu'un, sait comment le faire, tout comme elle a les moyens techniques de savoir qui se trouve où, grâce à un dispositif liberticide de flicage des gens, adopté par la précédente
majorité, critiqué par les socialistes et renforcé depuis. Valls, qui dit vouloir lutter pour la sécurité des Français, il était où ?
Si les Israéliens arrivent à envoyer des SMS aux téléphones portables des Palestiniens
se trouvant à proximité d'une cible terroriste pour leur dire de s'éloigner, la France, qui valide la vente de systèmes de surveillance partout dans le monde, n'aurait pas les capacités
techniques de faire de même ?
Et quand un gamin est enlevé, n'y a t-il pas un message sur les radios publiques tous les 1/4 d'heure ?
On aurait tort d'accepter que le gouvernement veuille réguler Twitter. Nous avons au contraire besoin d'une information décentralisée et libre, puisque le gouvernement, malgré ses relais, vient de prouver qu'il n'avait pas su remonter et diffuser efficacement de l'information. Jusqu'à preuve du contraire, Twitter, entreprise privée californienne a offert un meilleur service au public que le gouvernement. [...]