Il était une fois une bourgade
oubliée, assoupie dans un coin de Bourgogne, entre Chalon et Beaune : Chagny, un peu plus de 5.000 âmes au compteur. Chagny, son pensionnat catho, son port de plaisance, ses bons vins tout
autour et surtout… son « Bamboula » !
Rien que ce nom, c’est un coup de tournevis au fond des oreilles chastes.
Il faut le voir pour le croire. Chaque année, lors de la mi-carême, se tient une fête à l’ancienne, avec des reines couleur locale, des chars décorés et un défilé où rivalisent les jolis
déguisements. C’est là qu’intervient Bamboula, personnage « symbole du mal ». « Après le défilé, le deuxième dimanche, on exécute Bamboula. » explique sobrement le site internet de la ville. Vous vous rendez compte du dérapage ? Caroline Fourest
vite !
Vigilant gardien des valeurs modernes, le Journal de
Saône et Loire avait posé la dramatique question il y a quelques années : « Faut-il interdire Bamboula ? » ou au moins, changer son nom… À notre douce époque du
« vivre ensemble », cet ignoble vocable nous rappelait en effet les heures les plus sombres. « Bamboula », ça puait le colonial, ça sentait le racisme à
plein nez. Du coup, ces dernières éditions au moins, les organisateurs avaient eu l’intelligence de donner un visage blanc à Bamboula. La mini polémique n’avait pas fait long feu car une partie
de la population aurait été choquée que les élus touchassent à la tradition, née… en 1947 ! Bamboula survécut finalement, contrairement aux biscuits du même nom dans les années 90.
Comme l’a bien souligné Laurent Obertone dans « France orange mécanique », la presse régionale est pleine de saveurs pour les historiens du présent. En lisant un nouvel article
consacré à Bamboula (JSL du 8 mars 2013) on en est convaincu : la tradition perd encore une bataille. Ils n’ont pas encore eu la peau de Bamboula, mais celle de la guillotine
dont on se servait pour le zigouiller !
« C’est la fin d’une tradition, une évolution avec le temps » écrit le journaliste. « Cette année, Bamboula ne sera plus guillotiné. Non, sa peine va le
faire réfléchir pendant toute une année. » Taubira serait-elle passée par là ? Le président du comité de la Mi-Carême nous donne la raison de la modification : « Il
n’y a plus la peine de mort en France et en plus, on guillotinait quelqu’un qui revenait l’année d’après. » Belle trouvaille et beau foutage de gueule. On espère qu’il ira dire aux
Corses qu’il n’y a plus de décapitation de Maures en France et qu’il faudrait changer leur drapeau. Et puis cette « Marseillaise » de facho avec son « sang
impur », ses jours sont comptés.
Plus de guillotine, bientôt sûrement plus de Bamboula. On l’appellera peut-être Kevin, ou François « pour ne pas stigmatiser ». Dans un village tout proche, une boulangerie
sert toujours des « têtes de nègres ». Pour combien de temps encore ?
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