Aux Pays-Bas, les pères fouettards de nouveau accusés de racisme ! (par Silvio Molenaar)
Depuis quelques années couve aux Pays-Bas une guerre larvée autour de la question du racisme supposé de la tradition des « pères fouettards », barbouillés de noir. Même une équipe de l’ONU est intervenue, c’est dire le caractère d’urgence de cette crise internationale, au moins aussi grave que les décapitations d’Occidentaux en Syrie.
À l’approche de la Saint-Nicolas, la guerre fait de nouveau rage à Gouda : 90 arrestations il y a quelques jours. On envisage également d’armer certains pères fouettards – ne riez pas, vous avez bien lu. Les anti-pères fouettards réussissent ainsi parfaitement à pourrir cette fête bon enfant ne s’adressant plus qu’à des bambins qui n’en demandaient pas tant. Il n’est pas inutile, peut-être, de rappeler ce que disait un historien néerlandais, Herman Pleij, à ce sujet, à la télévision, courant décembre 2011.
« Le père fouettard est une invention, une pièce rajoutée du milieu du XIXe siècle, il n’existait pas à l’origine : d’une fête cantonnée à la cellule familiale initialement, l’on passe progressivement à des festivités tournées vers l’extérieur, publiques, en y incluant une dimension éducative à destination des petits. » (Pour le père Noël, on dirait en France : as-tu été sage cette année ?) « C’est à ce moment-là (milieu du XIXe) que l’on choisit le père fouettard barbouillé de noir : non pas d’après le modèle esclavagiste noir, mais suivant la figure du Maure, figure assimilée aux Pays-Bas au XVIIe à celle de serviteur, domestique, etc. Sans le moindre doute existe-t-il une dimension raciste au départ, [...] ce qui au XIXe siècle n’était pas choquant, cela avait aussi un lien avec l’Espagne. » (À replacer dans le contexte de l’invasion musulmane de l’Espagne, des raids et de la piraterie mauresque sur les côtes du Sud de l’Europe dans le contexte ottoman, ainsi que de l’occupation militaire des Pays-Bas par l’Espagne.) « Mais le point particulier important est que, de nos jours, lorsque par exemple un petit bambin voit le président Obama à la télévision, il ne s’exclame jamais : “Hé, mais que fait le père fouettard en Amérique ?” [...] Il faut donc bien intégrer l’idée que, depuis le XIXe siècle, cette dimension raciste s’est progressivement atténuée, et que de nos jours, elle a totalement disparu. »
Le combat actuel des « anti-pères fouettards » a donc probablement un siècle et demi de retard. Manifester contre le père fouettard aux Pays-Bas en 2014 revient donc à manifester contre le racisme « de mise » en 1850 (à l’encontre des Maures, non des Noirs !). Pour le reste, nous connaissons les méthodes classiques d’un certain antiracisme dévoyé moderne, prompt à inventer de toutes pièces un racisme afin de mieux le combattre. Il semble s’articuler autour d’un multiculturalisme dont Marie Delarue avançait il y a quelques jours sur ce site qu’il était du domaine des « faits » et, à ce titre, frappé du sceau inéluctable et sacré de l’infaillibilité morale (si j’ai correctement saisi).
Mon expérience enfantine en Hollande est là pour confirmer la nature mensongère de ces « faits », démentir le caractère raciste actuel de ces « faits », dire que l’historien Herman Pleij a mille fois raison, et qu’ils doivent être combattus avec la dernière énergie, fussent-ils de juteux fruits multiculturels.