
À la faveur, si l’on peut dire, des événements du vendredi 13 dernier, voilà un drôle de personnage qui remonte à la surface : Olivier Corel, sorte d’ermite ariégeois, soixante-neuf ans au compteur, surnommé « l’émir blanc », qui fut l’un des mentors d’un certain Mohammed Merah de sinistre mémoire.
Le dernier portrait en date de sa personne est plus que télégénique ; il aurait pu doubler Charlton Heston pour le rôle de Moïse dans Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille. Une chevelure au négligé soigneusement arrangé, une barbe de patriarche teinte au henné, tel que cela se fait souvent au Yémen.
Et puis, ce nom, Olivier Corel… De quoi nourrir tant de fantasmes, relatifs à ces convertis qui, forts de leur peau blanche et de leurs yeux clairs, exciperaient de cette qualité pour emmener nos rastaquouères au djihad. Malheureusement, la réalité n’est pas à la hauteur de la légende urbaine : Olivier Corel n’est français que de papiers. D’origine syrienne, il se nomme tout bêtement Abdel Ilat al-Dandachi.
Eh oui, les leucodermes sont nombreux dans cette région, enfants de Kabyles et de croisés, de Romains et de Grecs, généralement. Quant au prénom, il ne veut pas dire grand-chose. S’il existe des prénoms chrétiens – ceux des saints du calendrier -, l’équivalent musulman n’existe pas. Tout au plus, des prénoms arabes, « Youssef » pour « Joseph », « Meryam » pour « Marie », par exemple. Et puis, l’islam, religion universelle, au même titre que le christianisme, se rit de ces choses-là. On peut être arabe et chrétien, breton et musulman.
Mais revenons-en à Abdel Ilat al-Dandachi, au parcours connu de longue date. Pour L’Obs de ce mardi, cet « ancien responsable des Frères musulmans syriens en France et ex-président de la section toulousaine de l’association des étudiants islamiques de France, le “cheikh” s’installe dans ce coin paumé de l’Ariège en 1987. Poterie et élevage de cailles : au début, la petite communauté ne se fait pas remarquer. Même si les jeunes convertis affluent dès les années 1990. »
Bref, avec sa gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec et ses cheveux aux quatre vents, notre Georges Moustaki local joue fort bien son rôle de Raël salafiste. Toute une jeunesse déclassée se rue dans sa ferme d’Artigat, sa maison bleue accrochée à la colline, paumée dans une commune de seulement 600 habitants.
Sauf que là, on n’y joue pas que de la guitare, mais l’on s’y shoote à l’islam déviant, islam de synthèse, islam transgénique entre Captagon, Coran pour les nuls et MDMA. Son look très soigné y est pour beaucoup ; sa blancheur de peau également, écrivions-nous plus haut. Comme quoi les clichés raciaux peuvent fonctionner dans les deux sens. Le racisme dont les Karim et les Ahmed estiment souffrir de la part des Kevin et des Jean-Paul est ici retourné, non par Abdel Ilat al-Dandachi, mais par Olivier Corel ; ce qui est tout de suite plus chic… Cruelle farce.
Résultat : ce mardi dernier, les forces de l’ordre ont encerclé la ferme en question. Seul motif de mise en détention pour le moment ? Celle d’un fusil de chasse… Souvent inquiété par la justice, Olivier Corel a ainsi toujours réussi à naviguer à vue entre les gouttes. Il est vrai que d’un strict point de vue juridique, il n’y a que peu à lui reprocher. Toujours selon L’Obs : « On est très dépourvu pour juger ce genre de personnage. Ceux qui endoctrinent, qui enrôlent, mais ne se mouillent jamais. Il n’y a en effet aucune preuve matérielle à leur encontre. »
Sans entrer dans des débats juridiques de l’espèce talmudique, mais étant donné sa nationalité syrienne d’origine, le principe de précaution dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps, il n’aurait peut-être pas été nigaud de le renvoyer à Damas.
Là-bas aussi, on peut élever des chèvres et dresser des ânes.
Source : http://www.bvoltaire.fr