« Vous les copains, je ne vous oublierai jamais…! »
A l’instar de Sheila qui fredonnait dans les années 60 cet
air enivrant à destination de ses bons amis, notre président a choisi de remercier son clan en nommant ses amis, les amis de ses amis et les amis de son amie à des postes clefs de l’Etat. Ou
comment oublier ses propres engagements et dévoyer une fois encore la République.
Il est compréhensible à défaut d’être normal qu’une nouvelle majorité installe des hommes et des femmes à elle aux principaux rouages de l’état. On peut penser qu’il est légitime que la politique choisie par les français ait besoin de partisans pour l’appliquer dans les différentes strates de la haute fonction publique.
Mais là où réside la malhonnêteté intellectuelle, c’est
quand on a passé le précédent quinquennat à vociférer sur les nominations de la droite, qu’on s’est engagé en tant que candidat à surtout ne pas faire pareil et que toutes ces belles promesses
sont oubliées une fois parvenu au pouvoir : « Durant le quinquennat qui s’achève, il a été procédé à des nominations partisanes, parfois issues des cercles les plus proches, les plus intimes,
voire des obligés. À l’avenir, les hauts fonctionnaires seront nommés sur leur compétence et leur expérience et la seule loyauté qui leur sera réclamée sera celle à l’égard de l’État, et non à
l’égard du chef de l’État.» déclarait le candidat Hollande à Dijon, le 3 mars 2012. Ce jour-là, le socialiste s’était livré à un véritable réquisitoire contre Nicolas Sarkozy et les
nominations dans la fonction publique pendant son mandat. Ce sera d’ailleurs l’un des leitmotivs de la campagne présidentielle du candidat socialiste: remettre en cause les choix humains du
Président sortant, l’accuser de partialité dans ses nominations, dénoncer un « État UMP ».
Allant plus loin le soir du débat de
l’entre-deux tours, il ajoute : « Moi, président de la République, je n’aurai pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publique, je laisserai ça à des instances
indépendantes ». Preuve qu’on est toujours rattrapé par ses propos de campagne : la nomination d’Olivier Schrameck, ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon, à la tête du CSA
vient rappeler les prises de position du Hollande premier secrétaire du PS à l’époque de la nomination de Michel Boyon à cette même place. Il avait alors tenu à dire combien il était «
inquiet, consterné par cette nomination. Cet organisme va être exclusivement composé d’hommes et de femmes nommés par la droite, qui pourra croire que le pluralisme est respecté ? ».
Soulignons que Schrameck a une incontestable légitimité dans des domaines telles que l’économie, l’éducation ou l’industrie. Mais s’il y a un secteur auquel il n’a jamais touché pendant toute sa
carrière de haut fonctionnaire, c’est bien celui des médias. Preuve, s’il en était besoin, que ce n’est définitivement pas la compétence du bonhomme qui a fondé le choix présidentiel.
Depuis le 6 mai, c’est donc la tournée des copains : le juge Courroye, suspecté de sarkozysme, est démis. Le préfet de paris, idem. Quelques hauts fonctionnaires à la tête de
hautes administrations font également les frais de la chasse aux sorcières engagée par le nouveau président : Péchenard le directeur de la police nationale, Squarcini à la DCRI, Klarsfeld à
l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration… Les préfets et préfets de région n’échappent pas à la purge : ceux qui sont suspects de penser de travers sont remplacés les uns après les
autres par de jeunes fonctionnaires au pedigree mince mais qui ont eu le bon goût d’être apparentés de près ou de loin aux socialistes.
Après viennent les amis, qu’il faut recaser. Jack Lang, 73 ans tout de même, vient d’être nommé président de l’Institut du Monde Arabe. De quoi le rapprocher du Maroc… Les copains des
affaires ne sont pas oubliés pour autant : tout le gouvernement s’emploie en ce moment à nommer Anne Lauvergeon à la tête d’EADS. Pour services rendus, naturellement. Pire, les copains de la 1°
belle mère de France sont aussi de la promotion ! François Bachy, copain de Valoche et Directeur Adjoint de l’information de TF1, a rejoint la Caisse des Dépôts en tant que Directeur de la
communication du groupe.
Et concluons sur le fait cette épuration se fait dans le silence complice d’une caste médiatique qui n’avait pas de mots assez durs avec les nominations sarkozystes. Comme quoi, l’appréciation d’une même réalité diffère selon si on croque… ou pas.
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