Ras-le-bol des marches blanches ! (par Joris Karl)
Dimanche, la petite Fiona, tombée au champ d’horreur, a donc eu droit à sa « marche blanche ». C’était à Clermont, il y avait plus de 2.000 personnes pour défiler. Comme
pour les fillettes profanées par le gang de Dutroux, comme pour des centaines d’autres depuis tant d’années, la fin de son histoire se résumera à un recueillement, des poèmes lus, quelques images
dans le JT, avant l’oubli rapide du grand public. Le coupable fera quelques années de prison, « pour se réinsérer » bien sûr. On appellera comme toujours « au
calme », on fera bien attention à éviter « toute récupération politique ». Et on passera à autre chose. En attendant la suivante.
À rebours de la loi de Lynch, les « marches blanches » ont l’apparence d’un « progrès humain ». Pourtant, phénomène récent (la première date de 1996), elles sont peut-être au contraire un des marqueurs du déclin de notre société.
Chaque fois, c’est le même cinéma d’un
peuple soumis, qui n’a plus que ses petits T-shirts immaculés et des ballons blancs pour dire qu’il existe encore… La « marche blanche », inventée après l’immense scandale
Dutroux, sert avant tout à canaliser la foule. Comme les défilés syndicaux. Comme les manifs contre le mariage homo. On vous laisse montrer votre protestation gentillette, bien encadrée. Suivez
le cortège, et après au lit ! Que ce soit pour le droit à la sécurité, pour les droits sociaux ou moraux, toujours la même rengaine. Contentez-vous de battre le pavé, l’élite votera envers
et contre vous.
Ce
n’est pourtant pas avec ces singeries que nous ferons changer les choses. Tant que la justice sera dans cet état, tant que les peines ne seront pas dissuasives, la liste des enfants sacrifiés
s’allongera sans cesse. La peine de mort, même peu appliquée, avait le mérite de faire passer le message : « Si tu sors des limites de la civilisation, la civilisation peut te
sortir d’elle-même. »
Au risque de traumatiser les âmes sensibles, rappelons que l’exécution publique (jusqu’en 1939 en France), en plus de calmer les velléités de lynchage, avait cette vertu : l’État vous protège, sachez-le. En 2013, l’État vous laisse à la merci des barbares et autres dégénérés en vadrouille… Il nous reste ces « marches blanches »…
Mais où est donc passé ce vieux pays gaulois ? Comment cette nation de braves guerriers, jadis redoutés dans tout l’Occident, a-t-elle admis de laisser aller ses enfants à l’abattoir sans broncher ?
Les « marches
blanches », symptôme d’une profonde décrépitude morale ? Sous couvert d’humanisme pleurnichard, les Français ne se défendent plus, pères et mères ont abdiqué, capitulation en rase
campagne devant l’ensauvagement du territoire.
Pour le moment, rien ne bouge. Nos enfants sont à la merci des voyous, des crapules multirécidivistes, lesquels pullulent. Priant secrètement pour que jamais cela ne nous concerne, on regarde passer les « marches blanches ». Parce que c’est convenable. Parce que nous sommes faibles.
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