On ne donnerait pas à un chien ce qu’on met dans nos raviolis ! (par Marie Delarue)
Bientôt on n’osera
plus se mettre à table, l’estomac tordu par la trouille, sans savoir si l’on est malade de peur ou intoxiqué par la malbouffe.
Un brave homme interrogé samedi sur Europe 1 confiait qu’on ne donnerait pas aux chiens ce qui constitue le fameux « minerai » retravaillé à coups de colorants et d’exhausteurs de goût avant de finir, congelé, dans les lasagnes et autres raviolis. Non que cette mixture soit immédiatement toxique – enfin, pas plus que la teinture pour colorer le saumon d’élevage qui fait grise mine – mais si le client voyait la matière avant broyage, il s’enfuirait en courant : paquets de nerfs, attaches de tendons, cartilage, élastiques et bout de ficelles animales. Voilà pour la farce.
Celle du cheval commence à être éventée. Encore faut-il préciser
qu’on n’a trouvé le cheval que parce qu’on le cherchait. Qu’on se mette demain à chercher l’ADN du ragondin, de la souris des champs, du chat de gouttière et du chien andalou et l’on va voir ce
qu’on va voir… Notez bien, ces braves bêtes sont sans doute moins intoxiquées que le poulet de batterie, le veau aux anabolisants et le cheval au phénylbutazone. À moins qu’il ne sorte des égouts
parisiens, le rat, c’est bio.
Bref, pas franchement alléchées par l’odeur du fumet, les associations se disputent pour savoir qui va, ou pas, récupérer les plats de bœuf au cheval (et plus si affinités) retirés de la vente. Le Secours catholique est contre. Son directeur estime que « c’est une question de dignité humaine » et demande : « Pourquoi les plus pauvres accepteraient-ils des produits qui n’ont pas été jugés dignes d’être vendus aux autres consommateurs ? » La faim est une bonne réponse, mais quoi qu’on en dise, on ne connaît pas ici la faim. Plutôt les maladies de la surbouffe. « Les gens ont besoin d’argent, pas de produits dont les autres ne veulent pas » dit Bernard Schricke, rappellant que « les plus démunis ne disposant pas de micro-ondes, les plats surgelés ne sont leur sont d’aucune utilité ». Pas faux non plus. Ceux qui servent des repas chauds sont moins regardants et, si la preuve est apportée qu’il n’y a aucun risque sanitaire à consommer tous ces produits, ils seront sans doute servis aux Restos du cœur ou au Secours populaire.
En attendant, certains amateurs de bio exotique ont trouvé des
solutions alternatives. On apprend ainsi dans Direct Matin qu’une épicerie africaine d’Aubervilliers a été fermée mardi après un contrôle des services d’hygiène. Les enquêteurs y ont
« notamment découvert une marmite de chenilles en train de bouillir, dans l’arrière salle où un restaurant illégal servait des client ». Rien à redire sur le plat, excellente
source de protéines. La patronne est poursuivie pour « manque de traçabilité de ses produits ». Il faut dire qu’elle est sotte : si elle avait choisi des chenilles
processionnaires, on serait naturellement remonté à la source.
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