Le danger fasciste, coco, ça dope les ventes ! (par Joris Karl)
Dans les rédactions parisiennes, dans les petits salons douillets où souvent trône
un bouddha acheté à Maisons du Monde, dans les chambres d’ados où veille le poster du Che, on se trémousse d’excitation : les affreux skinheads sont de retour !
Ça doit être vrai, puisque c’est Libé qui le dit. Après sa une « Mort d’un Antifa », voici ce vendredi « Enquête chez les skins » ! Brrrrr… on en frémit d’avance ! Évidemment, l’enchaînement médiatique est imparable et, quelques jours après l’affaire Méric, on nous sort l’affaire d’une femme voilée « agressée par deux skins » dans la douce bourgade d’Argenteuil. Bientôt peut-être, les Français auront droit au skin pédophile, au skin braqueur, au réseau skin dans les collèges, à l’entrisme skin au gouvernement (bizarre, ce Cazeneuve)…
Au fond, Libé, qui annonce une bérézina des ventes (moins 40 %
en un an), tente son va-tout.
Oui, les néo-nazis rôdent chaque jour dans nos cités, agressant au hasard. Chaque soir en fermant les volets, j’entends les bruits de bottes au loin. Priant pour que les antifas ne se fassent pas prendre, je tente de m’endormir, tremblant sous la couette. Vivement que les Ricains débarquent !
Bon, redevenons un peu sérieux. Le mouvement skin, qui connut en France son heure de gloire à la fin des années 80, ne rassemble en 2013 qu’une poignée de jeunes gens sévèrement burnés.
Il y a 20 ans, quelques lycéens s’échangeaient des cassettes de musique skin sous le manteau. Quand tout le monde était de gauche, être skin, on pouvait pas faire plus
provoc ! C’était le temps des groupes rock méchamment nazis, les Bunker 84 ou Légion 88, dont les textes puaient le Zyklon B. Des petits malins chopaient aussi les albums
des Allemands de Störkraft ou des British de Skrewdriver. Au fond des années grisâtres, au fond des années « Mitrand », ces gosses en bombers rêvaient de
croix gammées, blaguaient entre eux sur les camps. Jeunesse déboussolée, qui se pensait patriote en faisant le salut hitlérien ou en adulant les miliciens. Heureusement, ça n’a jamais concerné
grand monde. Certains ont abandonné le mouvement après quelques lectures, d’autres se sont reconvertis dans un nationalisme endimanché. Les ignobles étendards nazis sont désormais remplacés par
la croix celtique. Cette folle jeunesse, avide d’en découdre, qui en avait ras le bol de subir la loi des racailles, s’est trompée de chemin. Le skin actuel est une survivance, sûrement pas un
mouvement de fond !
Néanmoins, le phénomène médiatique s’explique : pour le bobo-gay parisien, le skin puissant, maillot Fred Perry moulant les pectoraux, regard dur et crâne lisse, y a de quoi
fantasmer ! Ils ne l’avoueront jamais, mais ces violents défilés, ces poings américains, ces treillis guerriers, tout cela hante les nuits de certains…
En plus, le danger fasciste, coco, ça dope les ventes. Mais qui y croit vraiment ? Au pire, ces médias imbéciles vont ressusciter des vocations. On pourra leur dire bravo.
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