Explosion des ventes de "1984" suite au scandale des écoutes américaines
Le scandale de la surveillance des données personnelles booste les ventes de « 1984 ». Fort bien, si c'est
pour prendre conscience du caractère tristement visionnaire de Georges Orwell ! Mais si c'est pour chercher un manuel de lutte contre l'ultra-étatisme, il est un peu tard. L'emprise de la matrice
est telle qu'il semble peu réaliste imaginer en sortir.
Notons, espionner Facebook, Youtube et Google, soit, mais quid :
- de la directive PNR (chaque fois que vous prenez l'avion, les informations telles que le mode de paiement utilisé ou le repas pris sont envoyés à la NSA) ;
- de la vidéo surveillance qui s'étend, à Paris notamment (voir la carte de Owni), alors qu'on sait qu'une caméra située sur l'obélisque de la concorde est capable de lire la marque de votre t-shirt à 1,6 km de là, en haut des Champs-Élysées, et ce pour une efficacité nulle (l'insécurité a-t-elle baissé à Paris ?) ;
- le projet de loi promulgué en toute discrétion le 22 décembre 2012 a étendu les pouvoirs de la police sous le motif de "lutte anti terroriste" (voir le site du Sénat).
Que la NSA surveille finalement des informations que nous disséminons volontairement (Facebook) ou non (géolocalisation de toutes les photos prises par I-Phone), ok, mais quid de tous ces fichiers publics et de ces éléments de surveillance du citoyen que l’État met en œuvre, même quand la CNIL se montre réservée sur ceux-ci ?
À chaque fois que vous passez votre Pass Navigo sur une borne RATP, la police peut savoir où vous êtes, avec qui, et où vous allez. Mais on a rien à cacher, n'est-ce pas ?
Maintenant, imaginons que vous alliez manifester. Que se passera t-il quand la police choisira de désactiver à distance tous les Pass Navigo de telle ou telle catégorie de gens (segmentés par âge, par quartier d'origine etc) pour empêcher un groupe de se rendre quelque part ?
Le plus "drôle"
dans cet univers de transparence généralisée et forcée est que la transparence est à sens unique. Au moment où le pouvoir se tient très silencieux vis-à-vis des pratiques de la NSA aux États-Unis
ou de la police en France (lire "Manif pour tous : questions sur des interpellations"), les
députés votent un projet de loi au rabais sur la transparence, en réaction à l'affaire Cahuzac. Évidemment, il ne sera pas question de transparence. Ça, c'est bon uniquement pour les manants.
Puisque l’État nous surveille, surveillons l’État et ses agents !
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