Founé Diawara, mannequin, engagée, hijabeuse, femme des années 2020
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Devant le Conseil d’État, lundi 26 juin, un groupe de jeunes femmes sort d’audience. L’une d’elles, Founé Diawara, s’exprime au micro de Cnews : « On nous met dans des carcans, en fait. On nous enferme. […] Aujourd’hui, on empêche des femmes de disposer de leur corps, de disposer d’elles-mêmes. »
À quel oppresseur s’adressent ces reproches ?
C’est la Fédération française de football (FFF) qui est visée. Son tort : interdire aux jeunes femmes qui refusent de retirer leur voile de participer à ses compétitions. Ce refus se fonde sur l’article 1 des statuts de la Fédération qui interdit « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale ». Les « hijabeuses », rebelles à cette contrainte, ont demandé, ce lundi, au Conseil d’État l’abrogation de l’article litigieux.
Une jeune femme d’aujourd’hui
En février 2022, Le Monde interrogeait leur jeune meneuse, s’étonnant de ne trouver, « dans sa voix, ni colère ni rage ». Mais est-il besoin de fulminer, en 2023, quand on a derrière soi les causes les plus « correctes », les droits, le nombre ?
Née de parents d’origine malienne, Founé Diawara grandit à Meaux, réussit à l’école, s’essaye à différentes disciplines, excelle au foot. Un jour, en 2015, un arbitre lui refuse l’entrée du terrain à moins de retirer son voile - ce qu’elle n'accepte pas, malgré les suppliques de son entraîneur. Que s’est-il passé, ensuite ? Rien de bien grave, puisqu’elle passe son bac et est intégrée, en 2017, en licence à Sciences Po. Elle y découvre la vie associative, les idées et les causes de sa génération : Black Lives Matter, dont elle est responsable communications entre 2018 et 2019, HeForShe (campagne de solidarité pour l’égalité des sexes lancée par l’ONU Femmes) à la même époque.
En mai 2020, Anna Agueb-Porterie, organisatrice de communauté chez Alliance citoyenne, la propulse à la présidence des Hijabeuses. Alliance citoyenne étant cette association créée à Grenoble en 2012, connue à partir de 2019 pour sa promotion du burkini dans les piscines municipales et à laquelle Gérald Darmanin a reproché, en mars 2021, « sous couvert de combattre l'islamophobie, de faire pression sur les pouvoirs publics pour promouvoir, au profit des musulmans, des règles compatibles avec la charia ».
Visage du « féminisme islamique »
Founé Diawara, admiratrice de Rokhaya Diallo, auprès de qui elle a effectué, en 2021, un stage de sept mois, égérie de la « mode pudique » chez Nike™ en automne dernier, est décrite par l'anthropologue Florence Bergeaud-Blacker comme le visage du « féminisme islamique ». Cet « oxymore commode », qu’elle dépeint dans Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête, participe, selon la sociologue, de la dynamique d’influence des « Frères ».
Dans sa décision le Conseil d'Etat devra prendre en compte l'instrumentalisation dont il est l'objet.
— Florence Bergeaud-Blackler (@FBBlackler) June 27, 2023
Founé Diawara une jeune musulmane ordinaire ?
Pas vraiment.
Une soeur musulmane active dans le milieu frériste, militante dans l'organisation Syria Charity ../.. pic.twitter.com/B1dybfwWLM
Il y participe surtout via le hijab, assimilé insidieusement au droit individuel de la femme à se vêtir comme elle l’entend (ceci faisant oublier son caractère intrinsèquement islamique). Ainsi, en érigeant « l’existence d’une islamophobie féminine » au rang de « problème public » (le « problème public » étant, selon Joseph Gusfield, un problème social que l’on construit et dont on s’arroge la définition, que l’on contrôle et dont on tire profit), cette dynamique investit dans l’espace public les notions de citoyenneté, de laïcité, de droits de l’homme.
Pour certains milieux de gauche et universités, ce n’est pas une certaine religion qui prive certaines femmes de la liberté, mais plutôt les sociétés européennes, avec leurs discriminations, qui oppressent ces femmes « racisées et non blanches ». Un glissement qui fait pencher l’avis du rapporteur public Clément Malverti dans le sens des Hijabeuses. La décision du Conseil d’État, décisive, doit être rendue d’ici trois semaines.
Jean de Lacoste
Source : http://bvoltaire.fr
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