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Le blog politique de Thomas JOLY

Sécurité sociale : les deux mensonges du retour à l’équilibre

2 Octobre 2018, 06:18am

Publié par Thomas Joly

Alors qu'il visait un retour à l'équilibre des comptes de la Sécurité sociale en 2020, le Premier ministre vient d'annoncer que la France y parviendra avec un an d'avance. Selon le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) présenté mardi 25 septembre, le solde du régime général et du fonds de solidarité vieillesse (qui prend en charge le minimum vieillesse) sera bénéficiaire de 700 millions d'euros en 2019.

Nul tour de passe-passe dans ce rétablissement annoncé puisqu’il n'est que le résultat mécanique de l'augmentation des recettes de la Sécurité sociale qui semblent dynamiques, grâce à la hausse de la masse salariale (+3,5 %), des créations d'emploi qui, malgré un net tassement depuis trois mois, ont été au rendez-vous au premier semestre 2018 (du fait de la provisoire reprise mondiale), du ralentissement de la hausse des dépenses sociales et de santé qui n'augmenteront « que » de 2 % l'an prochain contre une progression de 2,3 % en moyenne ces dix dernières années, et de la hausse de la CSG.

Au final, le déficit de la branche maladie sera réduit à 500 millions d'euros en 2019 (Il était encore de 5,8 milliards d'euros en 2015), conséquence de la politique d’austérité sociale, de tiers-mondisation budgétaire des hôpitaux malgré le dévouement admirable de leurs personnels, et d’approche uniquement comptable de la santé publique voulue par le gouvernement, politique régressive de rigueur sanitaire qui a conduit de nombreux Français pauvres à renoncer à se faire soigner.

Ces bonnes nouvelles permettent à l’exécutif de procéder à un certain nombre d'annonces supposées permettre la mise en œuvre des quatre grands plans dévoilés ces derniers mois par l'exécutif, en faveur des Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), du « reste à charge zéro » sur certains soins (optique, dentaire, audioprothèses), contre la pauvreté et sur la « transformation » du système de santé. Sans oublier d'autres mesures qui feront encore grimper l'addition : revalorisation du minimum vieillesse, « correction » de la hausse de CSG pour les retraités modestes, exonération des heures supplémentaires, coup de pouce pour la garde d'enfants handicapés, allongement du congé maternité pour les travailleuses indépendantes…

Tout cela serait bel et bon si cette fin annoncée du « trou de la sécu » ne reposait pas sur deux mensonges.

  • Premier mensonge, l'insincérité du budget de la sécurité sociale 2019 qui repose sur une double imposture : une croissance estimée à 1,8 % (après avoir été espérée à 2,4 %) et qui sera selon toutes les prévisions sérieuses inférieure à 1,5 % ; une inflation maîtrisée alors que tout indique qu'elle sera nettement supérieure aux 2,2 % actuels.
  • Deuxième mensonge, l'illusion d'un rétablissement acquis des comptes sociaux : certes, la Sécu va enregistrer un excédent en 2019, mais rappelons qu'elle a toujours une dette exorbitante qui se chiffre à 121 milliards € (fin 2017) sur les 260 milliards accumulés en vingt ans, que le nombre de médicaments et de soins remboursés ne cesse de baisser, et que la dentisterie, les lunettes et prothèses auditives ne sont quasiment pas prises en charge, contrairement à la plupart des pays européens de même niveau de vie que la France.

Pour le Parti de la France, la santé des Français, tout comme le devoir de solidarité avec nos compatriotes les plus fragiles, par les pensions, le remboursement des soins nécessaires, le minimum vieillesse (aujourd'hui ASPA Allocation de solidarité aux personnes âgées), les allocations familiales aux nationaux, ou l’aide a la dépendance, tout cela relève du régalien.

Rétablir réellement l’équilibre des comptes sociaux, c'est :

  • Faire la chasse aux fraudes (en 2011 un rapport parlementaire faisait état d’une fraude sociale à hauteur de 20 milliards par an, alors que les chiffres gouvernementaux n’évoquaient « que » 500 millions. Ces mêmes estimations gouvernementales reconnaissant en 2017 que la fraude aurait doublé en cinq ans, on n'ose en extrapoler le chiffrage actuel).
  • Rationaliser les conditions d’accès aux urgences hospitalières qui ne doivent plus être utilisées comme des permanences consultatives pour populations irresponsables le plus souvent venues d'ailleurs.
  • Peser, par une action forte de l’État visant à établir avec les laboratoires pharmaceutiques des conventions contractuelles, sur les prix des médicaments et l'usage des génériques.
  • Stopper l’immigration dont le seul coût social atteint plusieurs dizaines de milliards par an.
  • Réserver les aides aux seuls nationaux avant la mise en œuvre d'une vaste politique de remigration.

Jean-François Touzé - Délégué national aux études et argumentaire

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