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Le blog politique de Thomas JOLY

Pendant que la France se couvre de mosquées, l’Algérie ferme ses églises

18 Janvier 2024, 19:14pm

Publié par Thomas Joly

« La fin d’un rêve ». Selon le dernier Index mondial de persécution des chrétiens, publié ce 17 janvier par l’ONG protestante Portes ouvertes, la situation des chrétiens en Algérie ne cesse de se dégrader. En seulement six ans, la République algérienne est passée de la 42e place à la 15e place des pays les plus antichrétiens, derrière la Corée du Nord, le Nigeria, l’Iran ou encore l'Arabie saoudite. Si, pendant longtemps, le pays a fait « figure d’exception au Maghreb avec ses grandes églises de chrétiens d’arrière-plan musulman [musulmans convertis au christianisme, NDLR] se réunissant librement », aujourd’hui, le gouvernement mène une politique de répression contre les minorités religieuses. Ainsi, sur les 46 églises que comptait l’Église protestante d’Algérie (EPA), seules quatre sont encore ouvertes. Mais pour combien de temps encore ?

Une loi antichrétiens

Un chrétien sur sept fortement persécuté et discriminé dans le monde, près de 5.000 chrétiens tués l’an passé, 3.900 kidnappés (dont la très grande majorité au Nigeria), 14.766 églises prises pour cible, un « record »… Le dernier rapport de Portes ouvertes n’est guère optimiste sur la situation des chrétiens dans le monde. Si, pendant longtemps, l'Algérie pouvait apparaître comme l’une des terres les moins hostiles en Afrique, cette époque est désormais révolue. L’ONG note ainsi que « la campagne de fermeture des églises de l’EPA, entamée en 2017, atteint son point culminant : il ne reste plus que quatre églises ouvertes ». Par ailleurs, « d’autres églises indépendantes ont également dû fermer sous la pression des autorités ». Ces fermetures abusives d’églises, justifiées par le gouvernement algérien comme un moyen de « préserver l’identité islamique algérienne », trouvent leur source dans une ordonnance adoptée en février 2006, mais jusque-là appliquée de façon moins agressive. Ce texte entend fixer les conditions d’exercice des cultes autres que musulman. Bien que garantissant la « tolérance » et « le libre exercice du culte », il soumet l’affectation des édifices chrétiens au bon vouloir de l’État. Résultat : l’État algérien ne se prive pas de sceller les églises et de menacer les communautés qui tenteraient tout de même de se réunir en dehors des édifices autorisés.

Délit de blasphème

Cette ordonnance de 2006 interdit, d’autre part, de « convertir un musulman à une autre religion » sous peine de deux à cinq ans d’emprisonnement. L’Index de persécution dans le monde note ainsi une multiplication des condamnations de chrétiens « à des peines de prison pour prosélytisme ou participation à des cérémonies religieuses non autorisées ».

Ainsi, en mars 2021, l’European Center for Law and Justice, un think tank conservateur, déplorait la condamnation de Rachid Seighir, un pasteur algérien, et celle de Nouh Hamimi, un libraire, tous deux reconnus coupables de prosélytisme. Ils ont été condamnés par contumace à deux ans de prison et une amende de 500.000 dinars algériens, soit environ 3.100 euros. D’après le jugement, « il leur était reproché d’avoir distribué des publications ou toute autre propagande portant atteinte à la foi d’un musulman ». En effet, quatre ans plus tôt, une Bible et des textes de littérature chrétienne avaient été découverts dans leur librairie lors d’une perquisition. Or, depuis 2006, il est interdit d’entreposer ou de distribuer « des documents qui pourraient ébranler la foi d’un musulman ». Cette affaire intervient seulement quelques mois après la condamnation de trois chrétiens reconnus coupables de blasphème. L’un d’eux s'était notamment vu reprocher d’avoir partager sur les réseaux sociaux une caricature du « prophète de l’islam » Yousse Ourahmane, vice-président de l’EPA, converti au christianisme il y a une quarantaine d’années, est quant à lui toujours dans l’attente de son jugement en appel après avoir été condamné en première instance pour avoir organisé des activités religieuses non autorisées. Conformément aux traités internationaux signés par le pays, l’ECLJ demande donc à l’Algérie de « prendre des mesures immédiates pour supprimer les crimes de prosélytisme et de blasphème de son Code pénal et d'introduire dans sa Constitution des dispositions garantissant la protection de tous les citoyens, quelle que soit leur religion ».

L’Algérie, pourtant marquée par la présence du christianisme dès le IIe siècle - soit bien avant la conquête arabo-musulmane du VIIe siècle -, tente donc aujourd’hui de réduire l’Église à néant. Pendant ce temps-là, la France, terre aux racines chrétiennes, laisse fleurir sur son sol de nombreuses mosquées. Dans de grandes villes, comme Rennes, des projets titanesques, pouvant accueillir plusieurs milliers de fidèles, voient le jour. Et dans les villages, de nouveaux lieux de culte musulman sont ouverts chaque année.

Clémence de Longraye

Source : http://bvoltaire.fr

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