CAN 2024 : « Le sang est plus important que le sol » ?
La Coupe d’Afrique des nations a débuté le 13 janvier dernier. Tous les amateurs de football ont, depuis cette date, le regard tourné vers le continent africain pour suivre cette grande compétition. À l’occasion du lancement du tournoi, Pro:Direct Soccer, une boutique en ligne d’équipement de football, a publié une vidéo de huit minutes sur la sélection algérienne. Les joueurs y prennent la parole tour à tour afin d’expliquer l’importance de jouer pour leur nation. Parmi eux, plusieurs footballeurs franco-algériens, dont Houssem Aouar et Amine Gouiri.
Alors que les images défilent, une voix déclare : « Porter les couleurs de son pays d’origine, ça représente l’héritage familial, ça représente les sacrifices des parents qui se sont déplacés pour venir, dans notre cas en France et dans d’autres cas dans d’autres pays. » Puis la voix ajoute : « Le sang est plus important que le sol. »
Le droit du sol
Des propos qui ont une résonance particulière, au vu du nombre de binationaux que comprend l’équipe d’Algérie. Parmi les vingt-sept joueurs sélectionnés pour la CAN 2024, seize ont au moins deux nationalités et quatorze d’entre eux sont franco-algériens. Que ces footballeurs ayant deux patries en privilégient une semble tout à fait normal. Ce qui l’est moins, c’est que, pour la plupart, ils ont été formés par la France et ont joué pour la France avant de rejoindre l’Algérie. C’est le cas de Houssem Aouar, sélectionné par Didier Deschamps en 2020, mais aussi de huit autres Algériens ayant porté le maillot bleu dans les équipes de jeunes.
Pourquoi ces joueurs, qui revendiquent un attachement supérieur à leur pays de sang qu’à leur pays de sol, n’ont-ils pas eu le même discours lorsqu’ils ont intégré les équipes de jeunes ? Pourquoi n’ont-ils pas porté le maillot de l’Algérie lorsqu'ils évoluaient dans les catégories -16, -18, -19 ou Espoirs ?
Ils ne sont pas les seuls. Aymeric Laporte, passé par toutes les équipes françaises, a pris la nationalité espagnole pour rejoindre la Roja. Même chose pour Youssouf Sabaly (Sénégal), Abdou Diallo (Sénégal), Mouez Hassen (Tunisie), Hannibal Mejbri (Tunisie), Jean-Charles Castelletto (Cameroun), Georges-Kévin Nkoudou (Cameroun), Raphaël Guerreiro (Portugal) et bien d’autres encore. Tous ont, un jour, porté fièrement les couleurs de la France pour, finalement, se tourner vers leur deuxième nation.
Le devoir du sang
Aucun joueur n’admettra avoir fait ce choix par défaut. Tous revendiquent un amour démesuré pour leur pays d’origine comme l’ont fait les Algériens dans la vidéo. Pour autant, le doute est permis. S’ils avaient pu jouer aux côtés d’Antoine Griezmann, d’Olivier Giroud ou de Kylian Mbappé, auraient-ils décliné l’offre ? Rien n’est moins sûr.
Sélection de cœur ou de raison, le mystère restera entier. Quoi qu’il en soit, ces joueurs opposent publiquement nationalité de sang et nationalité de sol. Même s’ils sont nés en France, ont grandi en France, ont été formés en France et ont porté le maillot de l’équipe de France, ils se disent plus algériens que français. Question assimilation, ça laisse à désirer…
Sarah-Louise Gulle
Source : http://bvoltaire.fr
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