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Le blog politique de Thomas JOLY

Enfants handicapés non scolarisés : et si Zemmour avait raison ?

31 Août 2022, 06:54am

Publié par Thomas Joly

« Après une année de maternelle en milieu ordinaire, Zélie était très angoissée et l'école ne voulait procéder à aucune adaptation. Nous l'avons donc inscrite dans une école hors contrat où elle est très bien accueillie. Zélie est inscrite depuis 5 ans dans un SESSAD (service d’éducation spéciale et soins à domicile) sans avoir de place... » À l’instar des parents de Zélie qui témoignent auprès de l’UNAPEI, association engagée dans la défense des personnes handicapées, de nombreuses familles d’enfants handicapés dénoncent le manque d’inclusion du système éducatif français.

Une école peu adaptée aux enfants en situation de handicap

« Trop d’enfants [porteurs de handicap] ne bénéficient pas d’un parcours scolaire adapté […] et ne voient pas leurs besoins pris en compte du fait de l’impréparation du système éducatif », souligne un rapport de Claire Hédon, la « Défenseure des droits », publié le 25 août.

Une conclusion qui n’a pas manqué de faire réagir Éric Zemmour sur son compte Twitter : « Vous souvenez-vous de l’hystérie des journalistes et des politiciens quand j’ai dit cela ? Qui d’autre a osé dire la vérité ? »

Rappel. En janvier dernier, le candidat malheureux de Reconquête déclenchait la polémique après des propos prétendumment maladroits sur la scolarisation des enfants handicapés. « Je ne veux pas que l’obsession de l’inclusion nous conduise à négliger la nécessité des établissements spécialisés », expliquait-il, en marge d’un déplacement. Face au tollé suscité par ses propos que certains qualifiaient de discriminatoires, il expliquait : « Si les enfants handicapés sont aussi mal traités, c’est en grande partie à cause de l’idéologie égalitariste. » Et d’ajouter : « Chaque enfant est unique et il faut lui apporter une solution qui lui correspond. »

Ce rapport, produit par une instance a priori neutre, poussera-t-il les pouvoirs publics à adapter l’école aux enfants en situation de handicap ? Beaucoup de parents l’espèrent…

Certes, l’Éducation nationale peut se targuer d’accueillir un nombre toujours plus important d’enfants handicapés (+19 % en cinq ans). Mais à y regarder de plus près, la réalité est bien moins idyllique. Comme l’indique Claire Hédon, nombreux sont ceux qui « se voient refuser par l’établissement une scolarisation complète, voire toute scolarisation, au motif de l’impossibilité des équipes éducatives à accueillir l’enfant en l’absence de son AESH [accompagnant enfant en situation de handicap, NDLR]. » Une enquête de l’UNAPEI abonde dans le même sens. À peine un tiers des enfants handicapés bénéficient de 12 heures ou plus de scolarisation. La très grande majorité d’entre eux doivent souvent se contenter de quelques heures par semaine, voire, dans certains cas (pour 18 % d'entre eux)... d’aucune heure.

En cause tout d'abord, une pénurie d’AESH. Pour la Défenseure des droits, ces « difficultés de recrutement » sont liées au « statut peu attractif » du métier. À raison d’une vingtaine d’heures par semaine, ces accompagnants, peu reconnus par la communauté éducative, ne perçoivent souvent pas plus de 800 euros par mois. De quoi décourager de nombreux candidats au poste. À cela s’ajoute le manque de formation des enseignants sur la question du handicap. À la veille de la rentrée scolaire, de nombreux enfants, dépourvus d’AESH, ne pourront donc pas être scolarisés en école ordinaire. Si certaines familles font alors le choix de l’école à la maison ou du hors-contrat, d’autres espèrent obtenir une place pour leur enfant en institut spécialisé.

Mais là encore, les difficultés persistent. Le média Faire Face, spécialisé dans les questions de handicap, expliquait déjà, en 2018, qu'« il faudrait créer entre 30.000 et 47.000 places, sur tout le territoire, pour répondre aux besoins des enfants handicapés n’ayant pas de solution adaptée à leurs besoins ». Claire Hédon « encourage ainsi l’État à poursuivre les profonds changements engagés pour l’accès des enfants en situation de handicap à une scolarisation adaptée ». Et de conclure : « C’est à l’école de s’adapter… et ce que l’on voit, c’est qu’on demande à l’enfant de s’adapter à l’école. »

Du Zemmour, avec quelques mois de retard.

Clémence de Longraye

Source : http://bvoltaire.fr

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