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Le blog politique de Thomas JOLY

La réussite écologique de Morales : la cocaïne

25 Novembre 2019, 07:36am

Publié par Thomas Joly

Pour un Français imprégné de marxisme culturel, le continent sud-américain se résume à dénoncer l’hégémonie américaine qu’il pressent dans des régimes de droite afin d’admirer béatement les régimes de la gauche tiers-mondiste en place, à Caracas ou à la Havane, entre autres. Cet amour inconsidéré pour le socialisme lui fait perdre de vue deux choses essentielles sur ce continent. La première, c’est que les dernières consultations démocratiques font pencher la balance vers une droite dure, comme récemment au Brésil avec l’élection de Bolsonaro qui fut largement commentée et, de façon plus lointaine mais tout aussi importante, le rejet par référendum du peuple colombien de l’amnistie des farcs, laissant outrés les commentateurs français. La seconde chose, c’est que les pays les plus stables du continent, dotés d’institutions solides, où personne n’essaye d’échapper à la nage, doivent la stabilité de leurs institutions à des régimes de droite, comme au Chili ou en Argentine notamment. 

Evo Morales, l’alter narco 

Morales, ancien chef syndical, a été élu à la tête de la présidence bolivienne en 2006. Très proche de Chavez dans sa vision du socialisme, il se plaît à s’affirmer comme un président “indigène” proche des populations andines dont il adopte les habits par opportunisme électoral. La réalité est toujours plus complexe: Morales est surtout très proche des cocaleros, ces paysans qui cultivent la coca. Il est aussi souvent cité en exemple par les altermondialistes comme un parangon du terroir sud-américain, face au monstre bolsonarien qui déforesterait à tour de bras. 

Pourtant, soyons honnêtes, comme souvent avec le socialisme, tout commence bien. Entre 2006 et 2016, le PIB du pays triple, l’extrême pauvreté recule. Cependant, la machine s’emballe; en quelques années, la mansuétude de Morales vis à vis du problème de narcotique qu’il qualifie de “culture millénaire” fait en sorte de transformer son pays en narco état. Il mâchera même une feuille de coca à la tribune de l’ONU… Le discours de la coca sacrée, traditionnelle et millénaire a servi à coaliser les paysans boliviens et l’ensemble de l’opposition du pays derrière Evo Morales. Défendre la coca devient en quelque sorte une opposition quasi-identitaire à ces salauds de yankees, au capitalisme et au libéralisme qui en découle. Tout un programme, une feuille de coca en guise d’identité… Il n’en fallait pas tant pour que les cartels s’engouffrent dans la brèche, alors que d’autres pays phares comme la Colombie leur mènent une guerre féroce. 

De fait, Morales sanctuarise dans la constitution la production de coca en 2009 et expulse les agences américaines comme la DEA. Une aubaine. La brèche se transforme en trou béant pour les narcos. Pour bien comprendre, il faut remonter aux années 90. Sous l’impulsion des États-Unis – le plus gros marché de la cocaïne – et avec leur financement, l’arrachage des plants dans le pays avait été entrepris dans les années 1990. Ceci a entraîné une résistance acharnée de producteurs dont les revenus excédaient de beaucoup ceux des paysans produisant les denrées alimentaires. C’est à l’occasion de ces combats qu’Evo Morales s’était imposé comme leader des cocaleros du Chaparé notamment. Nous sommes loin de l’image idéale véhiculée par l’extrême-gauche. 

Revenons à la région du Chaparé : 94% de la coca récoltée serait selon un rapport de l’ONU destinée aux narcos. 10000ha seraient dévolus dans cette région à la production de coca, en sachant qu’un hectare dans cette région produit pas loin de 3t de feuilles de coca, on comprend mieux les enjeux. Dans tout le pays, ce serait pas moins de 36000ha de terres qui seraient réservés à la culture de coca selon le département d’état américain, plutôt bien renseigné sur la question. C’est immense, et le mouvement s’amplifie, puisque la surface ne cesse de croître de 20% d’une année sur l’autre ! L’UNODC (United Nations Office of Drugs and Crimes) estime lui la surface à 24000ha via des images satellites mais reconnait sans mal que la plupart des vallées très encaissées des régions productrices rendent difficile l’exercice d’estimation.

Le chef de l’État soutient que cette extension des surfaces cultivées et l’augmentation de la production qu’elle suppose impulsera l’industrialisation de la feuille. Ce qui est totalement stupide. C’est un peu comme si on avait extrait le charbon ou le pétrole avant même d’en avoir l’utilité ! Evo Morales prétend aussi justifier la mesure par la possibilité d’exporter ces mêmes produits, or la communauté internationale en prohibe expressément la commercialisation. Sur la base d’une production annuelle de 230 tonnes de cocaïne, sachant qu’un kg équivaut à 5.000 dollars à la frontière, ce commerce engendrerait un montant global de 1.150.000.000$ selon Humberto Vacaflor, journaliste du quotidien Los Tiempos que Morales a voulu emprisonné. En conséquence, « la transnationale » comme on appelle les cartels proche du pouvoir à La Paz a de tels excédents financiers qu’elle peut se diversifier dans la construction, la spéculation urbaine, la mine, la micro-finance, etc. Dans l’et cetera il faut compter les investissements politiques, les subventions, la propagande, les cadeaux aux militaires, et bien d’autres choses encore.

L’argent de la cocaïne irrigue l’économie nationale et ne peut qu’influencer sa vie politique. Le mythe unificateur de la coca se retourne contre ses promoteurs, tant il apparait évident que le gouvernement se satisfait de ce commerce illicite et qu’il fait seulement semblant de le combattre.  Aucun magnat du narcotrafic n’a été détenu pendant toute la durée du mandat d’Evo Morales. Il n’y a pas non plus de politique claire pour lutter contre le blanchiment de l’argent de la drogue puisqu’aucune banque ou entreprise n’a été condamnée sous sa mandature. Le fait qu’Evo Morales est à la fois juge et partie, chose qui était masquée par le discours nationaliste anticapitaliste, et par l’image de l’indien bon sauvage et défenseur de la nature, saute maintenant aux yeux. Il était pourtant évident depuis le début de son mandat que la quasi-totalité de la coca du Chaparé cultivée par des producteurs, dont Evo Morales demeure le chef, allait alimenter les circuits de la drogue. 

Les victimes de tout ce système sont les Boliviens eux-mêmes. Il devient de plus en plus incontestable que la culture intensive de la coca entraîne des problèmes de santé publique et d’importants dégâts humains et environnementaux. Un rapport récent souligne l’usage intensif d’insecticides et d’herbicides comme le glyphosate dans les régions productrices de coca. L’extension des cocales induit la déforestation, la violation des aires protégées et le harcèlement des populations indigènes d’Amazonie. De plus la transformation de la coca en cocaïne produit une série de déchets toxiques (acides, hydrocarbures, diluants…)  qui viennent polluer les rivières et les fleuves et en altérer la faune et la flore.

Il est tout de même savoureux de savoir que l’une des figures de proue altermondialiste a contribué à l’avènement d’une filière industrielle de production de cocaïne. En investissant dans la recherche variétale les narcos ont obtenus des plants de coca aux feuilles plus grandes, plus productifs (quatre récoltes par an) et contenant jusqu’à quatre fois plus de cocaïne, moyennant l’utilisation d’intrants (engrais, pesticides). Qu’importe si les feuilles de coca issues de cette filière agro-industrielle, de saveur amère, sont impropres à la consommation traditionnelle par mastication ou tisane, les consommateurs de crack ne font pas la différence. Comble du ridicule la Bolivie est structurellement en déficit (quantitatif et qualitatif) alimentaire, incapable d’appliquer aux productions agricoles alimentaires locales les recettes qui ont réussit dans la production de coca.

On voit bien à quel point le discours anticapitaliste d’Evo Morales est une farce grotesque et tragique. Le marché de la cocaïne est en effet l’exemple même d’un marché capitaliste sauvage et dérégulé. En Bolivie, celui qui mastique la feuille de coca est en grande majorité le travailleur en bas de l’échelle sociale dont le gouvernement Morales permet la surexploitation sans se soucier de l’impact sur la santé publique. 

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U
C'est très vrai d'ailleurs le trafic de drogue est un point commun entre les pays marxistes et les pays islamiques <br /> <br /> Le Maroc Islamiste fait un commerce de drogue (halal) équivalant à 23% de son PIB :<br /> https://ledesk.ma/enoff/le-cannabis-equivaut-potentiellement-23-du-pib-marocain/<br /> <br /> <br /> Pour l'Afghanistan la drogue représente l'équivalent de 40% du PIB :<br /> https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2017/11/17/la-production-d-opium-explose-en-afghanistan_5216268_3216.html<br /> <br /> <br /> La Colombie narco était dirigée par le parti SOCIALISTE : <br /> Le Parti libéral colombien (en espagnol : Partido Liberal Colombiano) est un parti politique fondé en 1848, membre de l'Internationale socialiste et de la Conférence permanente des partis politiques d'Amérique latine et des Caraïbes <br /> <br /> <br /> On peut continuer longtemps comme ça ...Avec une base de données croisées bien faite on réalise que la dope est l'un des points communs à tous les regimes socialo-communistes
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