Le joint nuit gravement à la mémoire ! (par le Dr. Jacques Michel Lacroix)
Selon l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (INPES), 44 % des jeunes de 15 à 30 ans ont expérimenté au moins une fois le cannabis. La fumette très épisodique n’est sans doute pas très nuisible, mais les chercheurs ont montré que son usage quotidien avait une influence négative sur les résultats scolaires des adolescents de moins de 17 ans, et une étude plus récente de l’école de médecine de la Northwestern University aux États-Unis confirme les effets nocifs du cannabis sur le cerveau.
Cette étude porte sur 97 adultes divisés en quatre groupes : un groupe témoin n’ayant jamais consommé de cannabis, un groupe qui en avait consommé à l’âge de 16/17 ans pendant environ trois ans et ayant arrêté depuis au moins deux ans, un troisième composé de schizophrènes n’en ayant jamais consommé, et enfin un quatrième composé de schizophrènes en ayant déjà consommé.
Les chercheurs ont soumis les participants de cette étude à des tests de mémoire et d’imagerie médicale. Les résultats confirment que les cellules du cerveau, que ce soit les neurones ou les astrocytes, subissent les effets néfastes des substances psychoactives contenues dans le cannabis. Les sujets qui en avaient consommé ont eu, en moyenne, des performances inférieures de 18 % à celles de ceux qui n’en avaient jamais consommé. Les résultats sont encore plus mauvais chez les schizophrènes, dont les capacités de mémoire sont réduites de 26 % par rapport aux schizophrènes qui n’ont jamais consommé.
L’imagerie médicale, quant à elle, a révélé des anomalies anatomiques au niveau de l’hippocampe (structure située au centre du cerveau, sorte de centre opérationnel qui joue un rôle clé dans la mémoire), anomalies non retrouvées chez les non-fumeurs. Cependant, ces modifications pourraient être préexistantes et révéler davantage une vulnérabilité particulière aux alcaloïdes du cannabis qu’une modification due à leur usage. Des études complémentaires devront confirmer (ou infirmer) l’origine toxique de ces modifications atomiques.
Mais un des points importants de cette étude est le fait d’avoir révélé des altérations de la mémoire chez les sujets ayant fumé, même deux ans après l’arrêt de l’intoxication. Que ce soit au niveau de la mémoire immédiate, ou de la mémoire d’évocation (celle relevant d’événements plus anciens), les pertes de performance sont définitives. Dans l’étude, les sujets étudiés avaient fumé vers l’âge de 16 ou 17 ans, c’est-à-dire à un âge où le cerveau n’est pas encore complètement configuré, ce qui pourrait peut-être expliquer les altérations anatomiques de l’hippocampe. Cependant, pour certains auteurs, on observe des pertes de mémoire même chez les patients ayant commencé à fumer plus tard.
Toutes les drogues, du café à l’héroïne, perturbent la biologie générale du cerveau. Certes, parfois, ces effets peuvent être bénéfiques (au moins à court terme) comme avec le café ou même avec la nicotine, qui ont révélé des effets positifs sur les fonctions cognitives, l’attention et la mémoire.
Hélas pour la nicotine, dans la fumée du tabac, elle est associée à d’autres substances dont la nocivité certaine ne permet pas d’obtenir un rapport bénéfice/risque positif, favorable à la cigarette.
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