Vote des étrangers : la dernière ficelle de Hollande (par Marie Delarue)
Que faire lorsque, président de la République à son
premier anniversaire, on est au fond du fond du fond du trou question indice de satisfaction de ses concitoyens ? Ramer. Et puis attraper par le bout de la queue le premier serpent de mer
qui passe à portée, surtout si l’on estime qu’il peut ramener avec lui un certain nombre d’électeurs partis voir ailleurs si l’herbe y est moins rase.
Ainsi François Hollande a-t-il évoqué hier, lors de sa conférence de presse, le fameux « droit de vote des étrangers », sorte de monstre du Loch Ness qui, depuis trente ans, fait des vagues sur l’horizon des engagements de gauche non tenus. Mais voilà, François Hollande l’a inscrit dans ses promesses de campagne, et puis ce serait un moyen de se rabibocher – enfin, il l’espère – avec cette gauche mélenchonesque qui ne cesse de lui mettre des bâtons dans les roues et des opposants dans la rue. Le vote des étrangers comme variable d’ajustement, en somme. Une poire pour la soif, une carotte pour avancer.
Toutefois, rendu prudent, le président en a
encore reculé l’échéance : si tout va bien, si le temps se maintient, si la marée n’est pas trop forte, ce sera après 2014. « Sur le droit de vote des étrangers, je n’ai pas soumis
ce texte car je sais que l’opposition n’en veut pas, et je ne veux pas donner l’impression que nous chercherions avant les élections municipales à imposer les enjeux », a-t-il dit. Ce
sera donc « Après les élections municipales, comme cela il n’y aura plus d’enjeu, il sera soumis au Parlement et le Parlement en fera l’adoption s’il le souhaite. » Déjà, lors
de sa conférence de novembre dernier, notre président normal faisait des pointes, laissait planer l’idée d’un très hypothétique référendum en fonction de « l’état de la
société », laquelle, assure-t-il aujourd’hui, est pourtant « capable d’assumer de grands débats sur des questions de société ».
Sans doute, mais il va lui falloir d’abord laisser s’enraciner dans les mœurs le mariage gay, et c’est loin d’être gagné. Alors nous fourguer en prime le droit de vote des étrangers risque de mal passer.
Et pas sûr non plus, si d’aventure la chose
devait lui être acquise, que le résultat soit à la hauteur de ses espérances. Rien n’indique en effet que les votes desdits étrangers viendront abonder les urnes du PS.
Le vote des étrangers non communautaires (hors UE) est une grenade dégoupillée balancée à l’aveuglette. Personne ne sait où elle ira sauter ni ce qu’elle pourra faire comme dégâts.
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