Une politique bien étrangère (par Patrick Parment)
Un soixante quatorzième soldat français
vient de tomber en Afghanistan à l’heure même où le clairon des Invalides retentit encore de la sonnerie aux morts. Dans un exercice de pure compassion électoraliste, Sarkozy a décidé de faire
les honneurs des Invalides aux derniers soldats tombés dans ce pays lointain où nous sévissons en qualité de valet des États-Unis. L’occasion aussi pour Sarkozy de réitérer son soutien à la cause
américaine au mépris du sentiment général qui prévaut en France : le retrait immédiat de nos soldats.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, après les catastrophiques prestations de Kouchner puis d’Alliot-Marie aux Affaires étrangères, voici venu le temps de « droit dans mes bottes », alias Alain Juppé, qui exécute avec enthousiasme la politique pro-américaine du zélote de l’Elysée.
Alors que nous ne sommes plus en mesure de
nous poser en gendarme d’un empire disparu – et dont le gaullisme marqua de manière catastrophique la fin – Sarko s’imagine qu’il a encore un rôle à jouer avec une armée qui n’a plus du tout les
moyens des ambitions élyséennes.
Les derniers exemples sont pour le moins révélateurs de cette impuissance. Ainsi en Côte d’Ivoire où, au lieu de soutenir le chrétien Gbagbo, on a joué la carte du musulman Ouattara, on a ouvert la voie d’un nouveau chaos dans ce pays. A terme, tous les Français seront remplacés par les Chinois.
On ne sait quelle mouche a piqué Alain Juppé -
qui retrouve-là ce rôle de second couteau qu’il n’a jamais quitté – de faire une fixation sur la Libye et de jouer les va-en-guerre contre le régime de Kadhafi. Le fait que les Anglais soient
dans le coup laisse entendre que ce sont bien les Américains qui tirent les ficelles. Sinon, on voit mal quel bénéfice la France pourrait tirer de la destitution du colonel. Tout cela semble bien
corroborer le scénario qui se joue actuellement au Moyen-Orient : un embrasement total avec pour objectif la fin d’un despotisme moyen-oriental.
De voir Juppé à la manœuvre et doublé par un Bernard-Henri Lévy jouissant de la protection de Sarko ne manque pas de sel et en dit long sur le sérieux d’une cause qui ne semble nullement gagnée. Kadhafi fait de la résistance et les rebelles ne seraient rien sans notre assistance technique. Juppé bombarde à tout va et, ô ironie du sort, nous avons épuisé notre stock de munitions. Vous marrez pas ! Lire la suite
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