Pour sa mère, Pop n’est « ni une fille ni un garçon »… (par Altana Otovic)
Pop est un jeune enfant suédois de six ans
au sexe indéterminé : ses parents le gardent secret afin que l’enfant « grandisse librement, et non dans le moule d’un genre spécifique ». Vêtu à sa guise, tantôt d’une
robe, tantôt d’un pantalon, Pop n’est, selon sa mère, « ni une fille, ni un garçon ». Storm, jeune canadien de deux ans, est un autre exemple de l’indifférenciation érigée en
dogme : nul ne connaît son sexe, pas même ses grands-parents, qui devront peut-être feindre de ne pas voir l’entrejambe de Storm demeurer plate ou se charger d’une excroissance révélatrice.
De même, Sasha, que ses parents appelaient « l’enfant » devant les inconnus, a été élevé dans la neutralité sexuelle la plus stricte, n’apprenant sa virilité qu’à cinq ans.
L’invariant de ces histoires est évident :
il s’agit d’élever des enfants sans distinction de genre. Le sexe naturel, que les parents de ces enfants définissent comme un « timbre » collé au front ou une vulgaire
« boîte » est un cachot suranné qui « biaise le potentiel » des jeunes âmes et ferme le champ des possibles.
Chez ces parents, l’on observe la crainte obsessionnelle des « limites » et l’ardente volonté de les détruire pour échapper à un déterminisme biologique vil et méprisable. Il ne faut pas, proclament-ils, encombrer l’enfant d’un genre restrictif et contraignant. Mais est-ce la différenciation qui cantonne l’enfant à son genre lorsque plusieurs études révèlent que les élèves d’écoles mixtes expriment des préférences plus prononcées pour les activités de leur sexe que ceux d’écoles non mixtes ? Et cette neutralité sexuelle peut-elle affranchir les enfants lorsque maintes études prouvent qu’elle est aussi artificielle qu’inutile ?
L’anthropologue Melford Spiro étudia le cas des kibboutz d’Israël, où
une éducation strictement indifférenciée fut instaurée dans les années 1950. Les enfants s’abandonnèrent malgré cela à des comportements sexués qui aboutirent, vingt ans plus tard, à un retour à
la répartition traditionnelle des rôles pour les jeunes adultes qu’ils étaient devenus.
En 1967, des observations avaient démontré l’existence d’un comportement sexué chez des nouveaux nés de quelques heures ; les garçons, plus difficiles à calmer, s’agitaient davantage. Les mois suivants virent le développement inévitable de ces différences : les garçons se montraient plus transgressifs et turbulents, attirés par des objets mécaniques tandis que les filles convoitaient peluches et poupées. La suite ne fut que l’incontestable confirmation de cette opposition si tôt ébauchée : tandis que des structures hiérarchiques régissaient les rapports des garçons, rien ne régulait ceux des filles. Tandis que les premiers distribuaient torgnoles et intimidations, les secondes s’armaient d’une agressivité subtile, préférant menacer leurs amies de rupture.
Lorsque garçons et filles diffèrent indéniablement, l’imposture est de nous faire croire qu’il n’y a d’égalité que dans un monde où les garçons tombent enceints et les filles éjaculent.
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