Miss Cahuzac et le Sarkoboy : vive la moralité républicaine ! (par Joris Karl)
Évidemment, rien ne les rapproche à première vue, mais Patricia Cahuzac et Boris Boillon sont deux personnages typiques de la République finissante. L’une est la future ex-femme du ministre
« les yeux dans les yeux », l’autre est le Sarkoboy ultra-ringard connu pour ses photos, en slip à la plage, alors qu’il était notre ambassadeur en Irak. L’actualité braque
soudain son gros projecteur sur ces deux énergumènes.
La première vient d’être mise en examen, jeudi, pour « fraude fiscale » et « blanchiment de fraude fiscale » dans l’enquête sur le compte caché de son mari, Jérôme Cahuzac.
Le second s’est fait gauler le 31 juillet, gare du Nord, avec un bagage bourré de fric. Les douaniers ont découvert « 350.000 euros et 40.000 dollars en cash. »
La routine, quoi, pour des individus qui s’accrochent depuis un moment aux queues de comètes des « zélites ripoublicaines ». Visiblement, les deux loustics avaient en commun le goût de l’argent, du pouvoir, de la frime et de certaines soirées mondaines, celles où une sueur cosmopolite vous donne de délicieux frissons. Alors, on va toujours plus loin, on s’affranchit, on est grisé, parce qu’on se dit qu’on est quand même au-dessus du troupeau des mortels… d’autant qu’on a des « modèles » un peu douteux : Sarkozy pour celui qui était son conseiller Maghreb – Moyen-Orient, et son propre mari, ministre encensé par les médias et même la « droite » avant le scoop mortel.
Bien qu’il soit interdit de se balader avec plus de 10.000 euros en espèces sans déclaration préalable, l’ancien ambassadeur Boris Boillon a bizarrement pris le risque de prendre un train pour la
Belgique avec une telle somme. Encore plus bizarrement, selon
Libération, il n’avait « avec lui ni papier d’identité ni téléphone portable. Mais il possède en revanche trois cartes bancaires à son nom. » Bafouillant de drôles
d’excuses, le Sarkoboy annonce que les liasses étaient le paiement de « prestations de consultant à des sociétés irakiennes », lesquelles, « en l’absence de système
bancaire développé en Irak, m’ont réglé à Paris en numéraires ». Le pognon était planqué dans son bureau et dans une « mallette enterrée à côté de sa cave ». Non,
vous ne rêvez pas. Le mec jouait le remake des barbouzes en cavale. Bref, avec tout ce qui touche de près ou de loin à Sarkozy et l’UMP, il faut quand même s’accrocher, entre le collectionneur de
tableaux marine et le quarteron de putschistes soutenu par la COCOE, on hésite entre rire et pleurer.
Miss
Cahuzac, de son côté, a fini par être emportée par le courant. Son aventure est tirée par les cheveux, sorte de pitoyable telenovela brésilienne où des stars du show-biz fréquentent sa
clinique très huppée, où elle lance des détectives sur les traces de son époux, où les gros sous résonnent en un bruit feutré lorsqu’ils s’entassent, où plus personne ne se rappelle qui sait quoi
sur les comptes à l’étranger !
Miss Cahuzac décoiffée et le Sarkoboy en fuite : ambiance polar lourdingue digne d’un téléfilm de fin de soirée…
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