Les syndicats enseignants sont indécrottables… (par Marie Delarue)
Accusé ou presque d’abus d’autorité en mettant en place sa réforme du temps scolaire, le ministre de l’Éducation Vincent Peillon a décidé d’en passer par la concertation
pour son nouveau projet : la réforme des programmes.
La précédente réforme ne date que de 2008 mais, comme tant d’autres avant elle, elle n’eut pas l’heur de plaire aux enseignants en général et à leurs syndicats en particulier. Le ministre Darcos qui l’avait initiée avait un gros défaut : il appartenait à un gouvernement de droite, et en tant que tel, pâtissait forcément d’une image de vieux réac. D’une folle audace, cet impudent avait osé remettre au goût du jour des concepts archaïques tels que la « grammaire » (plutôt que l’« observation réfléchie de la langue »), et des vieilleries comme la « récitation ». On rigola bruyamment chez les docteurs en pédagogie, traitant le ministre de « passéiste » et de « normatif ». Deux gros mots. Depuis, Xavier Darcos a pris sa revanche : devenu académicien français, il travaille en paix au dictionnaire.
Il y a peu de chances que son successeur Vincent
Peillon intègre un jour l’auguste assemblée des hommes en habit vert. Peu de chances aussi qu’il laisse son nom dans l’Histoire. Tout juste ira-t-il grossir la longue liste des politiciens morts
au champ d’honneur de l’Éducation, écrasé lui aussi par le mammouth fossilisé. Car ne voulant rien imposer, Peillon – quelle audace ! – demande aujourd’hui aux enseignants de réfléchir à la
réforme à venir. Mais réfléchir, ça demande un peu de temps, n’est-ce pas ?
La « concertation » doit démarrer ce lundi 23 septembre et se poursuivre jusqu’au 18 octobre, veille des vacances de Toussaint. Une deuxième phase sera lancée en fin d’année. Fort bien. Sauf que… Sauf que, pour les syndicats, il n’est « pas question que cette consultation constitue un temps de travail supplémentaire ». Ils vont donc cogiter « sur leur temps de service – mais en dehors des heures de cours » : trois heures pour chacune des deux consultations, soit au total six heures durant l’année scolaire. Harassant. De quoi demander une prime, voire une augmentation. Quitte à se mettre en grève pour l’obtenir.
Mais comme ils disent : tout ça, c’est dans l’intérêt des enfants.
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