Les p’tits caïds du foot font la loi ! (par Joris Karl)
« Le sportif créé de
la volatilité et il n’est pas rare que les « talents » de l’entreprise, les joueurs, jouent parfois contre leur employeur ! » constate cruellement Nicolas de Tavernost,
le 25 janvier dernier dans Le Parisien.
L’accusation est un peu vague mais assez grave. Il y aurait donc des joueurs dont le comportement serait douteux ? Jusqu’où vont-ils ? Traîner du pied dans un match contre un futur club, c’est assez voyant. « Assurer » dans d’autres, afin d’éviter la blessure, en sachant que, peu après, ils rejoindront un autre pays, un autre continent… Voir. Jouer carrément contre sa propre équipe, on l’a vu en France avec l’affaire VA-OM en 1993…
Le président du directoire de M6 et dirigeant des Girondins de Bordeaux ajoute désabusé dans le même article : « Comme dans le cinéma, les talents, c’est-à-dire les joueurs, valent de plus en plus cher. Et le rapport de forces entre eux et les clubs s’est inversé, souvent par la faute des clubs… »
Le funeste arrêt Bosman, en 1995, ultra-libéralisa le marché et
permit aux clubs riches de composer — selon leur porte-feuille — des équipes de stars multinationales. Auparavant, la règle était en France de trois étrangers maximum par équipe, mais l’Europe de
Maastricht ne pouvait tolérer cette incongruité quasi médiévale ! Résultat, ces quinze dernières années, les grandes dents blanches du Marché ont plongé dans la chair fraîche qui s’offrait à
eux. Les contrats étaient devenus aussi fermes que des bulles de champagne. Et la fidélité au maillot, aussi fiable qu’une boite de nuit brésilienne. Que nos cracks favoris enchaînassent les
belles putassières rôdant autour des stades, OK. Mais qu’ils accumulassent aussi les clubs, ça devenait moins sexy pour le supporter de base. On pense à Anelka, un des tristes sires de ce foot
nomade, qui voit les joueurs parcourir le monde en quête de zéros alignés. Notre poète rebelle a ainsi porté la tunique de… onze équipes différentes, du PSG à Istambul, en passant par Shangaï,
Londres et maintenant Turin. Et il finira sûrement au Qatar comme bien d’autres !
Cette dématérialisation de toute destinée collective (on se souvient encore, avec nostalgie réac, de l’épopée des Verts) conduit à un individualisme forcené qui finit par interroger les patrons du ballon rond eux-mêmes !
En effet, Monsieur de Tavernost, le footballeur
n’est plus un benêt. Nos petits caïds, qui commencent dès 5 ans à caresser le cuir en bas des HLM, se transforment parfois en vrais requins à l’âge adulte. Un Beckham ou un Ibrahimovic sont
davantage des hommes d’affaires en short que des sportifs à la poursuite d’un idéal. Eux, ils préfèrent le chèque, peu importe qui le signe…
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