La gigantesque arnaque du Livret A (par Arnaud Raffard de Brienne)
Au 1er août, le rendement du Livret A, l'épargne chouchou des Français, nous dit-on, passera de 1,75 à 1,25%, poursuivant ainsi la dégringolade qui l'avait fait chuter de 2,25 à
1,75% en février dernier. Motif officiel, la baisse de l'inflation. Un homme politique de premier plan ose quand même affirmer qu'"en dépit des apparences, le Livret A bénéficie d'un coup de
pouce par dérogation à la formule du taux prenant en compte les taux d'intérêt du marché monétaire, dont le taux est très bas en ce moment". Sûrement un énarque... Le respect de la formule
évoquée aurait en effet abouti à l'application d'un taux ramené à 1%, soit le plus faible jamais atteint depuis 1818, date de la création du livret. Il n'empêche qu'à un pareil coup de pouce nous
ne saurions répondre décemment que par la présentation d'un solide majeur.
Il s'agit donc d'une spoliation, tout à fait officielle, de
63,3 millions de livrets au profit de la Caisse des Dépôts (CDC) et des banques. La CDC perçoit environ 65% de la collecte, ce qui lui permettra de prêter aux bailleurs sociaux à moindre coût,
autrement dit, l'appauvrissement généré par le fameux livret contribuera à financer le logement social - environ 30.000 logements -, ce qui est quand même un peu fort de café, quant aux banques,
elle profiteront d'une manne d'environ 50 milliards d'euros. Le CDC accordera par ailleurs aux collectivités locales, déjà lourdement endettées, des prêts à long terme, plus de vingt ans, au taux
de 2,25% (contre 3,05% actuellement). Prêts que nous rembourserons forcément par des hausses de la fiscalité locale. L'épargnant guignard pourra toujours taper dans son livret pour payer ses
impôts locaux. La devise c'est "cocu un jour, cocu toujours".
Cette énième spoliation des épargnants au profit du
système financier dispensera par ailleurs les banques d'accroître les rendements de leurs autres produits à court terme et leur permettra de se refinancer au moindre coût. Espérons qu'elles
apprécieront à sa juste valeur le geste. En résumé, comme a pu l'affirmer un observateur, les banques vont gagner de l'argent en prêtant notre argent qui ne leur coûtera rien. CQFD.
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