Finances publiques : Pierrot le flou fait son maximum (par Baptiste Créteur)
En 40 ans et sans sourciller, les hommes politiques français ont
réussi à accumuler 1.950 milliards d'euros de dette. Rassurons-nous : ils arrêtent bientôt. Promis.
Contrairement à ce que ses déclarations et décisions laissent entendre, Pierre Moscovici n'est pas incapable du moindre raisonnement mathématique.
Le ministre des Finances a assuré mardi que l'endettement de la France allait « atteindre un maximum » avant de « décroître », insistant sur l'ardoise laissée par les précédentes majorités.
Le concept de maximum ne pourrait être plus simplement expliqué :
avant lui, ça monte ; et après lui, ça descend. Bravo Pierre, un bon point ; au moment où la courbe de l'endettement atteint son maximum, la pente de sa tangente est nulle — comme la
croissance française, par exemple, ou les hommes politiques qui ont conduit ce pays à
cette situation. Pour les alcooliques comme pour les politiciens, vivre 40 ans à crédit laisse une jolie ardoise.
Pierre Moscovici a raison : ses prédécesseurs sont responsables du niveau de la dette au moment où lui et son équipe ont pris leurs fonctions. Il serait juste et bon qu'ils soient tenus pour responsable de leur bilan. Mais cela signifie également que lui et son équipe seront responsables du bilan, notamment du niveau d'endettement qu'ils laisseront en partant ; espérons qu'il en prenne la mesure. Selon ses dires, il est tout à fait conscient de la nécessité de réduire le déficit, et il se veut rassurant.
« Ce que je reproche au papier du Figaro, ce n'est pas d'avoir cité un chiffre spectaculaire (...), c'est de laisser penser que la signature de la France serait menacée : elle ne l'est pas », a-t-il poursuivi, jugeant également que « là où Le Figaro se trompe, c'est que la France fait des réformes qui permettent justement de réduire le déficit structurel. »
Si ses deux propositions sont aussi vraies l'une que l'autre, les créanciers de la France devraient être inquiets à double titre : parce que l’État n'a engagé aucune des nécessaires réformes, ayant du mal à instaurer les mesures les plus superficielles.
Que les créanciers de la France se rassurent toutefois : la France en tant
que telle n'a pas de signature. L’État français en a une, des centaines même qui,
toutes, valident unanimement des budgets en déficit et souscrivent des prêts auxquels ils ne comprennent rien. Les exceptions existent, évidemment. Mais dans la plupart des cas, du plus
mafieux président de conseil général au voyou patron d'un office HLM, en passant par le plus minuscule adjoint au maire, tous engagent des dépenses et souscrivent des prêts au nom des autres. Au
nom de chaque Français, plus exactement, et de pas mal d'Européens qui viendront peut-être à notre secours quand la spoliation des Français ne suffira plus.
Et après 40 ans d'endettement, on atteint 1.950 milliards d'euros, l'occasion de rire un peu. Guy Birenbaum, un de ces journalistes comme seul l'exception culturelle et les subventions à la presse savent en produire, a lui-même calculé que chaque Français devrait en moyenne régler 30.000 euros si les créanciers frappaient aux portes de l’État et que celui-ci envoyait quelques gentils collecteurs percevoir leur dû. Lire la suite
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