Députés : le peuple les élit, l'homme libre les craint (par Baptiste Créteur)
Les députés français, à l'épreuve du gros
micro mou, dénoncent la fiscalité non-confiscatoire de nos voisins et la liberté.
Le ministre belge
des affaires étrangères affirme que le départ de nombreux Français est une conséquence de la politique fiscale du gouvernement et qu'il n'est pas opposé à ce que d'autres exilés les suivent.
Les députés français ne pouvaient pas rester sans réagir et se sont empressés de tomber dans un piège régulièrement exposé par h16, celui du gros micro mou.
Chacun se fend donc d'une petite
déclaration sur l'affaire Depardieu et les déclarations du ministre belge. On notera qu'aucun ne réagit
aux propos d'un autre député, Jérôme Lambert, qui remet ouvertement en cause les principes de la France ; le patriotisme
souvent évoqué suppose apparemment plus de servir le gouvernement de son pays que de respecter ses valeurs. Si le doute existait encore, les déclarations des députés le lèvent : en France, la
multiplicité des partis masque à peine l'unicité de la pensée.
L'exhaustivité suppose que l'on commence par féliciter les députés lucides. Hervé Mariton, député UMP, propose de corriger le système fiscal plutôt que faire la morale :
« L'addiction à la dépense publique, c'est une véritable drogue, conduit à des augmentations d'impôts, et les augmentations d'impôts conduisent à certains exils fiscaux. On peut en penser ce qu'on veut moralement, je ne soutiens pas nécessairement le choix de ceux qui veulent s'exiler, mais plutôt que de leur faire la leçon, je commence par regarder si je ne peux pas corriger mon système fiscal. »
Saluons aussi, moins bas tout de même, Claude Greff, UMP :
« C'est vrai, aujourd'hui, le gouvernement est en train de "pénaliser" les riches, en tout cas ceux qui ont produit en France […] Concrètement, il faut qu'ils participent à l'impôt bien sûr, mais au moins à 50% [sans doute faut-il comprendre "au plus"], vous vous voyez travailler vous et donner davantage ? Ce n'est pas possible ! »
La courbe de Laffer semble avoir pénétré les esprits, mais 50% d'imposition – sans mentionner la TVA et autres taxes – n'est pas vraiment un niveau d'imposition incitant à la création de richesse. Le fameux "trop d'impôt tue l'impôt" est également intégré par Benoist Apparu, mais pour lui il faut sadiquement chercher à s'approcher très près de ce niveau fatidique : juste assez d'impôt pour bien matraquer les riches, mais pas assez pour qu'ils partent tous :
« On a un ministre des Affaires Étrangères belge, il y a quelques semaines le Premier Ministre anglais, le maire de Londres, qui disaient : "Venez mes petits Français, vous paierez moins d'impôt
à Londres ou en Belgique." Il est normal, sain, légitime, que les
riches payent beaucoup plus d'impôts – je dis bien beaucoup plus d'impôts – que tout le monde ; ça s'appelle la solidarité nationale. Il y a un moment où à force de vouloir trop les matraquer, eh
ben ils sont plus là, et donc on n'a plus de recettes fiscales. »
Voilà, faire payer aux riches beaucoup, beaucoup d'impôts – et surtout plus que tout le monde – c'est normal, sain et légitime. Vilain, le riche, vilain ! Il a de toute façon trop d'argent ; et les autres en veulent, de cet argent, alors... C'est la solidarité nationale, soyons généreux avec l'argent des autres. Bon, malheureusement, ils partent ensuite, mais on pourra faire de sacrés festins avec ce qu'on leur aura pris. Lire la suite
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