Algérie : la repentance sélective, ça suffit ! (par José Meidinger)
Dans les
villes de gauche comme Strasbourg, on a remis une couche ces jours-ci sur la prétendue « nécessaire repentance » de la France envers l’Algérie. La capitale européenne
inaugurait à son tour une place du 17 octobre 1961, en hommage aux Algériens morts lors de la manifestation organisée ce même jour par le FLN à Paris. À l’époque, la gauche ne s’en était guère
émue, embarrassée par le contexte de la guerre d’Algérie et le souvenir peu glorieux de Guy Mollet qui y avait envoyé le contingent. Dans Le Monde du 19 octobre 1961, Jacques Fauvet se
fendit même d’un éditorial remettant les pendules à l’heure. Un constat prémonitoire, quand on le relit à la lumière de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde musulman : « Le FLN
ne manquera pas d’exploiter les sanglants incidents de Paris [...]. Pourtant il en porte la responsabilité puisque, ici et là, c’est le terrorisme musulman qui est à l’origine de ces
drames ! »
Depuis ce « ratage » historique, cette même gauche, jusque-là silencieuse, semble tout à coup atteinte d’un syndrome de compensation rétrospective qui se manifeste à
travers ce type de commémorations. En guise de thérapie à retardement, elle se délecte aujourd’hui dans une repentance sélective et à sens unique, initiée par François Hollande lors de son voyage
en Algérie. Oubliant au passage que la guerre d’Algérie a été, hélas, marquée par d’autres bavures reléguées dans les tiroirs de l’histoire occultée. Il faut le dire et le redire : le
massacre de la rue d’Isly devant la Grande Poste d’Alger, le 26 mars 1962, restera à cet égard l’événement le plus symbolique. Le plus dramatique aussi. Ce jour-là, une manifestation de
pieds-noirs non armés, partisans de l’Algérie française, s’est heurtée à un barrage des forces de l’ordre ouvrant le feu sur la foule. Ce jour-là, des Français ont tiré sur des Français !
Une bavure sanglante dont le nombre de victimes ne fut jamais établi avec précision, entre le bilan officiel de 54 morts et 147 blessés et les chiffres d’au moins 80 morts et 200 blessés avancés
par les familles des victimes.
La valise ou le cercueil fut alors le lot inexorable des Français d’Algérie.
Le cercueil – quand ils eurent droit à une sépulture –, c’est aussi ce qui attendait les Harkis engagés aux côtés de la France. Une « mère patrie » qui se déshonora en les
abandonnant lâchement au FLN, lors des accords d’Evian scellant le sort de l’Algérie indépendante. Selon une note du Service historique des armées du 21 avril 1977, « sur environ 200.000
supplétifs incorporés dans l’armée française [les harkis], 2.500 ont été emprisonnés après l’indépendance et 150.000 ont disparu ou ont été exécutés par le FLN »…
Peu
de plaques commémoratives rappellent aujourd’hui la mémoire de ces « Algériens » qui avaient choisi la France et dont les survivants croupirent pendant des années dans des
camps insalubres. Ceux-là aussi, au même titre que tous les autres, méritent que l’on s’incline devant leur funeste sort. Allez, Monsieur le maire de Strasbourg, il doit bien rester une rue ou
même une impasse à rebaptiser, dans une ville qui se vante d’être aussi le siège de la Cour européenne des droits de l’homme…
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