Violence des mineurs : loin de punir, Gabriel Attal offre un quart d’heure de gloire
/image%2F0931529%2F20240423%2Fob_cfb6ac_26385076lpw-26385386-mega-une-jpg-1025.jpg)
Pour lutter contre les violences des mineurs, on allait voir ce qu’on allait voir. Roulements de tambour, coups de menton et ton martial… Ce lundi, Gabriel Attal devait frapper un grand coup. De fait, on est ébahi, mais pas comme on le pensait.
Gabriel Attal s’est rendu avec une délégation à Nice pour inaugurer un « internat éducatif pour adolescents », un « internat de rupture » destiné aux élèves en « décrochage » et « primo-délinquants ». Comme l’avait préalablement expliqué Christian Estrosi, « vingt primo-délinquants encore en situation de scolarisation » étaient placés, ce lundi, pour le temps des vacances dans cet internat - au sein du magnifique lycée du Parc-Impérial, dans le centre de Nice - en présence des parents. Un placement volontaire, parents et élèves devant obligatoirement donner leur accord.
Rappelons le contexte de ce déplacement : ces derniers jours ont vu se succéder des drames atroces, perpétrés par des mineurs, avec le point d’orgue du meurtre barbare de Philippe, à Grande-Synthe, véritablement massacré par trois mineurs de 14 à 15 ans. Ce n’est pas de vol de Malabar™ ni de mauvaise note en dictée qu'il s’agit.
Des caïds mués en stars
Sauf que la première journée dans les lieux, loin d’être une punition pour Lenny, Haytam, Rayan et les autres, sonne comme une récompense. Que dis-je, un sacre. Dans leur quartier, leur famille, leur voisinage. Le retour à la fin des vacances sera un triomphe romain, ces petits caïds sont devenus des stars.
Car Gabriel Attal, flanqué d’Éric Dupond-Moretti, de Sabrina Agresti-Roubache et de Christian Estrosi, a décidé de s’asseoir avec eux, gentiment, en rond, et de leur demander d’un ton badin leurs impressions. De « témoigner », c’est le mot qu’il utilise, comme dans une réunion d’évangéliques.
"Ma mère m'a forcé": face à Gabriel Attal, des jeunes manifestent leur réticence de venir à l'internat pic.twitter.com/GzdsGryJwp
— BFM Nice Côte d'Azur (@BFMCotedazur) April 22, 2024
Plusieurs sont avachis, les autres, à la question de savoir « s’ils sont heureux d’être là », répondent avec insolence par la négative, affirment que cet internat « n’est pas bien » (sic), que c’est leur mère qui les a forcés à y aller. Les ministres rient bêtement comme si c’était follement spirituel. Gabriel Attal ne moufte pas, les tutoie comme pour les conforter dans ce statut d’enfant que dément leur comportement, on croirait un CPE affilié à SUD Éducation. Gabriel Attal se réjouit pour l’un qu’il ait déjà un copain sur place et déplore que l’autre n’écoute pas « sa maman » quand elle lui dit de « ne pas utiliser le téléphone ».
La dissuasion commence bien
Le gouvernement peut-il expliquer aux Français ? Si ces adolescents entrent dans cet internat en raison d’un comportement répréhensible, pourquoi leur offrir ce quart d’heure de gloire, faire mine de copiner avec eux, de boire leurs propos maussades et ronchons comme s’ils étaient l’oracle de Delphes, pourquoi rire de leurs réponses irrespectueuses, méprisantes pour les adultes en général et le contribuable en particulier, qui a offert à son corps défendant ce séjour coûteux (60.000 € pour douze jours) pour tenter de les sauver ?
C’est, en somme, grâce à leurs méfaits que ces jeunes violents, ces « primo-délinquants », comme les a qualifiés Christian Estrosi, ont pu converser avec des ministres et passer à la télé. Les autres, ceux qui ont respecté la règle, n'auront pas le droit à cet honneur.
En attendant, même si ces chers petits renâclent et boudent, le séjour ne devrait pas être trop traumatisant puisqu’y seront proposés, entre autres, « atelier estime de soi », « sortie en bord de mer » ou encore « découverte d’une exposition sur Tintin ».
La dissuasion et le « sursaut d'autorité » commencent bien.
Gabrielle Cluzel
Source : http://bvoltaire.fr
Commenter cet article