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Le blog politique de Thomas JOLY

Salon Parapsy : le succès du charlatanisme sur les ruines de la foi ?

13 Février 2024, 07:17am

Publié par Thomas Joly

Le salon Parapsy, dédié aux médiums et autres experts du paranormal, s'est terminé ce 12 février. Il accueille, chaque année, des dizaines de milliers de visiteurs. Un journaliste du Parisien s’est plongé dans ce monde assez particulier ; il est lui-même ressorti bluffé. Il est vrai que certaines prédictions peuvent, à l’occasion, s’avérer troublantes. Il est tout aussi vrai que les trucs des voyants sont vieux comme le monde. On peut citer l’étiquetage, l’effet Barnum, le cold et le hot-reading, et autres petites ficelles bien connues des plus brillants mentalistes. Les horoscopes journalistiques, eux, jouent encore dans une catégorie inférieure, avec des généralités absurdes et des conseils vagues.

Pourtant, malgré l’accumulation d’impostures et de prédictions sans queue ni tête, les Français semblent être de plus en plus nombreux à croire aux médiums. Julien Rochedy commentait ironiquement ce franc succès sur X, avec des mots très justes : « Entre la fin du christianisme qui ne conduit pas à ne plus croire mais à croire n’importe quoi, et l’importation d’individus du tiers-monde, l’ésotérisme cheap a un grand avenir en France. »

Succès de la médiumnité

Voilà donc, pour répondre à saint Jean-Paul II, ce que la fille aînée de l’Église a fait des promesses de son baptême : une sorte de grand gloubi-boulga spirituel a succédé à la foi catholique qui a façonné notre pays. C’est tout de même surprenant : la présence réelle ou la virginité de Marie sont lourdement moquées, comme des fables pour enfants stupides, mais la croyance aux vies antérieures, à la réincarnation, aux dons de divination par les cartes ou à la médiumnité, connaissent de plus en plus de succès.

La deuxième partie de la phrase de Julien Rochedy, elle, surprendra peut-être certains lecteurs. Quel lien pourrait-il bien y avoir, en effet, entre le Grand Remplacement et le développement de la superstition ? Il suffira par exemple, à ceux qui le voudraient, de faire un petit tour sur le compte X de « Comprends ton dine » (din = la foi musulmane), dans lequel on se demande entre autres choses si le fait de verser l’eau bouillante des pâtes dans l’évier brûle les djinns (les démons) qui se trouvent dans les égouts. On peut aussi aller voir la chaîne YouTube du même nom (675.000 abonnés tout de même) qui donne des conseils d’orthopraxie touchant vraiment de très près à la superstition : prières bonus à faire à des heures spéciales, conseils pour laver ses chaussettes au moment de faire les ablutions rituelles ou débats de fond (a-t-on le droit de porter du Lacoste™ pour invoquer Allah). On peut aussi se plonger dans les charmes de l’animisme africain en général, qu’il soit ou non mâtiné de foi monothéiste (chrétienne ou musulmane), et de ses croyances folles.

Angoisse et nihilisme

Le besoin de croire est fondamental. Il est constitutif de la nature humaine, même quand on croit qu’il ne faut pas croire. Regardez les athées militants, bigots du néant : de vraies grenouilles pour bénitiers vides. Quand on supprime la religion, on ne la remplace pas par rien mais par n’importe quoi. « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits », dit l’Évangile (Matthieu, 7:16). « Le bon pays, sa végétation pousse avec la grâce de son Seigneur ; quant au mauvais pays, (sa végétation) ne sort qu'insuffisamment et difficilement », dit le Coran (7:58). Amusant, au passage, pour l’islam, né dans des pays totalement déserts. En tous les cas, décidément, regardons les fruits : notre pays névrosé a besoin de croire, fût-ce à des fadaises.

Nous ne sommes pas loin, nous les ultramodernes, nous les rationnels, d’ouvrir nos poulets surgelés en espérant y lire, dans des entrailles soigneusement vidées, la promesse d’un jour meilleur. Nous sommes à deux doigts, nous les blasés, nous qui savons tout et qui faisons les malins, d’observer le vol des pigeons de Paris en pensant y détecter un signe des temps. Nos ancêtres avaient l'excuse du souvenir des grottes et de l'obscurité. Nous n'avons que celle du nihilisme et de l'angoisse. Le paganisme avec la 5G : j’imagine que c’est ce qu’on appelle le meilleur des deux mondes.

Arnaud Florac

Source : http://bvoltaire.fr

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