Macron, le culot : fustiger l’extrême droite depuis le média du parti aux millions de morts
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Dans un entretien accordé à L’Humanité, c’est-à-dire, pour le dire autrement, dans le bulletin de liaison historique du parti aux centaines de millions de morts, Emmanuel Macron a affirmé que Reconquête et le RN ne faisaient pas partie « de l’arc républicain ». Bientôt, dans la gazette de la libre-pensée, le président de la République accusera sans doute Marine Le Pen et Éric Zemmour de manquer de charité chrétienne ?
Sur la forme, c’est évidemment un immense cadeau que le Président fait à ce journal moribond, en soins palliatifs depuis des années, sous perfusion perpétuelle, dernier dinosaure de la presse d’avant-guerre française au service des idéologies mortifères du XXe siècle dont la survie devrait, dans un pays normal, sembler aussi peu indispensable que celle de Je suis partout.
La rédaction en question n’en revient pas elle-même : « C’est une première qui n’allait pas de soi. En cent vingt ans d’Histoire, L’Humanité n’avait jamais réalisé d’entretien avec un président de la République en exercice. » C’est à retenir ! Ce que Mitterrand et Hollande n’avaient pas osé, Emmanuel Macron l’a fait. Il est temps que cesse la mythologie d’un Président « en même temps » à droite et à gauche, séduisant les mamies bigoudis et papis ramollis craignant pour leur portefeuille : c’est bien la voix du Parti communiste - je répète, du Parti communiste ! - qu’il a fait rentrer sous les ors de l’Élysée, comme le montre la photo en haut de l'entretien, quand il avait fallu des mois de négociations laborieuses au journaliste Louis de Raguenel, alors à Valeurs actuelles, pour décrocher un entretien entre deux avions à Mayotte. Entretien qui avait bien failli, in extremis, capoter en raison de la farouche opposition des proches d’Emmanuel Macron.
Dans la même logique, le site écolo d’extrême gauche Reporterre a pu poser une question à la dernière conférence de presse à l’Élysée. BV, lui, n’a pas seulement eu le droit d’y entrer. Quant au média spécialisé dans le contenu vidéo Brut, lui aussi d’extrême gauche, il a eu par deux fois les honneurs d’un entretien avec le Président.
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Sur le fond, on retrouve Emmanuel Macaméléon. Il n’aime rien tant que mettre la panoplie adaptée à chaque circonstance : en treillis pour visiter les militaires, en combinaison de vol pour les pilotes, en antifa chez Brut - où il parle de « violences policières » - et en bourgeois réac à Valeurs actuelles, où il promet 100 % d’exécutions d’OQTF. À L’Humanité, sa cible est donc l’extrême droite. L’arc républicain, que nul ne sait définir, a pour seule fonction de tirer ses flèches sur l’extrême droite. Et tant pis si, il y a à peine quelques jours, le 9 février dernier, il estimait « tout à fait normal » de discuter avec le RN à l’Assemblée nationale, attendu qu’« on ne va pas considérer que telle ou telle formation politique aurait moins de droits parlementaires, moins de reconnaissance ».
Le Président estime que le Rassemblement national « serait inspiré » de ne pas assister, mercredi, à la cérémonielle panthéonisation du résistant communiste étranger Missak Manouchian.
Ce qui ne manque pas de sel… et de paradoxe : le reproche incessant fait par le gouvernement au RN porte sur une supposée proximité avec la Russie de Vladimir Poutine. Or, Missak Manouchian, à l’instar de L’Humanité, était évidemment infiniment plus proche de cette URSS célébrée par Poutine - qui multiplie les statues de Staline - et dont le maître du Kremlin est, en ancien du KGB, un pur produit, que Marine Le Pen, ataviquement pourfendeuse depuis l'enfance du communisme.
Emmanuel Macron accordera-t-il aussi, à l’autre bout du spectre, au journal de L'Action française, un entretien lors de l'entrée au Panthéon du résistant catholique et royaliste Honoré d’Estienne d’Orves ? Non, bien sûr. Déjà parce que cette panthéonisation est de la pure science-fiction. Si, dans la Résistance, il y avait, selon la formule d’Aragon, la rose et le réséda, seul le réséda a le droit d’entrer dans le saint des saints laïc.
Gabrielle Cluzel
Source : http://bvoltaire.fr
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