Amélie Oudéa-Castéra : une affaire tellement française…
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L’« affaire Oudéa-Castéra » est typiquement le genre de polémique dont le petit monde politico-médiatique raffole. Dernière trouvaille de Mediapart dans un dossier qui, visiblement, s’alourdit chaque jour un peu plus pour ce pauvre ministre : ses garçons, scolarisés au collège Stanislas, seraient en classe non mixte. L’horreur, le drame absolu. Que des « ateliers », des réunions, des manifs soient organisés en « non-mixité » par certains syndicats ou associations gauchistes ou que sais-je encore, cela pose visiblement moins de problèmes. Mais ça n’a rien à voir, monsieur. Ah, pardon ! Maintenant, entre nous, on s’en moque un peu, que les gosses d’un ministre soient dans une classe où il n’y a que des garçons, non ? Faut croire que non, qu'on est prié de s'y intéresser et même de s'insurger. Alors que nos agriculteurs n’en peuvent plus, que les pêcheurs du golfe de Gascogne doivent rester au port pendant un mois pour cause de défense de la population delphinale, que ci, que ça, on ne trouve pas mieux que de feuilletonner sur cette affaire qui ne frise tout de même pas la cour martiale. Mais comme il a été convenu que ce gouvernement est réactionnaire (si si !) et qu’on tient là, à travers le « cas Oudéa », une preuve tangible et irréfutable, faut surtout pas se gêner et exploiter le filon à fond.
Un gouvernement réactionnaire, mais pas trop...
Bien sûr qu’a priori, la nomination de cette étoile montante d’une Macronie en recherche d’un nouveau souffle a de quoi « interpeller », on est bien d’accord. Un portefeuille ministériel particulièrement épais (Sport, Jeunesse, Éducation nationale, manque plus que la Culture…), qui relève plus des travaux d’Hercule que de la compétition de tennis à laquelle le ministre excellait jadis. Probablement une gageure pour un ministre sans surface ni épaisseur politiques. Que ce même ministre et le gouvernement se débrouillent « comme des manches » pour tenter d’extirper Amélie de la mélasse dans laquelle elle est empêtrée est une évidence aussi. Comme on dit, « quand ça veut pas, ça veut pas ». Ainsi, à propos de cette découverte cruciale de la scolarisation en « non-mixité », Prisca Thevenot, la nouvelle pépite en charge du porte-parolat gouvernemental, en a sorti une magique, ce mercredi : « Ce n’est pas la non-mixité choisie par la ministre mais par ses enfants. » Franchement, toujours entre nous, on est où, là ? Dans la cour de la récré ou sous les ors de la République, paraît-il française ? Pouvait pas dire tout simplement que c’est une décision des parents (pardon, « parentale ») assumée. Point barre. Est-on obligé d’aller sur la ligne Mediapart qui consiste à entrer dans la vie privée d'une famille en expliquant que c'est le choix d’enfants mineurs ? Un choix de mineurs qui, jusqu’à nouvel ordre, relève in fine de la décision des parents seuls. C’est encore la loi, non ? On vous fait grâce de la lecture du Code civil. Donc, réactionnaire mais pas trop, ce gouvernement. Une telle justification n’aurait même pas eu lieu d’être. Cette manie du bavardage en guise de discours politique...
Encore un mot sur cette ténébreuse affaire. Le Monde vient de publier une tribune où l’on trouve la signature du sénateur communiste de Paris Ian Brossat. Le titre : « Séparatisme scolaire : deux jeunesses vivent dans des sphères parallèles, sans se rencontrer. » Pas faux. Mais comment en est-on arrivé là ? Une tribune qui s’achève sur une citation de Bourdieu… « La cécité aux inégalités sociales condamne et autorise à expliquer toutes les inégalités, particulièrement en matière de réussite scolaire, comme inégalités naturelles, inégalités de dons. » Ça fait quarante ans, voire plus, qu’on fait du Bourdieu dans l’Éducation nationale, avec le succès que l’on sait. On sait ça : si ça marchait mal en URSS, c’est parce qu’il n’y avait pas assez de communisme... Le scandale, aujourd’hui en France, n’est pas tant qu’il y ait des lycées et collèges d’excellence. Après tout (ou avant tout), les parents veulent le meilleur pour leurs enfants, quoi de plus naturel. Le scandale, aujourd’hui, en France, c’est que l’école de la République n’est pas capable de générer des Georges Pompidou, des Paul Guth ou encore, plus près de nous, des Marc Menant, si fier de ses origines modestes.
Georges Michel
Source : http://bvoltaire.fr
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