Comment l’Union populaire de Mélenchon tente de réinventer le Front populaire
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On se souvient de la tactique de drague conseillée par Jean-Claude, le skieur des Bronzés incarné par Michel Blanc : « Vas-y, fonce ! On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher. » C’est peut-être aussi la tactique de Jean-Luc pour séduire les électeurs. En tout cas, Mélenchon fonce et s’affiche déjà Premier ministre. Il peut compter sur ses qualités de tribun unanimement reconnues pour bien distiller le malentendu.
Petit remplacement : la « France insoumise », slogan à consonance ultranationaliste, devient l’« Union populaire ». Cela s’imposait. M. Mélenchon a pratiquement appelé à voter Macron au deuxième tour et il est entendu qu’il incarne la République plutôt que la France. Preuve en est son tonitruant « La République, c’est moi » et son soutien à l'islam en France. Pour être aussi clair que Zemmour, il pourrait même terminer ses discours par « Vive la France et surtout, surtout, vive la République », tout étant dans le « surtout ». Il peut profiter encore un peu de l’ambiguïté entre France et République. Mais, réaliste, il a suivi les bons conseils du cardinal de Retz sur les vertus de l'ambiguïté, et n’a pas retenu le label « La république ouverte » : trop net !
Vive, donc, l’Union populaire, bien plus inclusive. Elle accueille les électeurs soumis, majoritaires, et ceux au nombre croissant qui, droit du sol et immigration inassimilée obligent, ne se sentent pas avant tout Français. L’ajout aisé de l’adjectif « républicain » aurait donné du chic. Mais le tribun serait alors apparu sous la bannière de l’Union populaire républicaine, qui est déjà celle de M. Asselineau, couramment situé à l’extrême droite. Mauvais genre, mauvaise idée donc, les deux hommes ne semblant pas si proches de la fusion. Mais qui sait, bientôt, dans une danse électorale éperdue ?
En plein « front républicain » anti-Le Pen, l’éclosion de l’Union populaire fleure bon le Front populaire de 1936, summum de la gauche, à l'origine des premiers congés payés. Rien à voir avec l’extrême droite, systématiquement associée aux sombres heures du régime de Vichy et au mal. Dès l’enfance, on apprend que la gauche, c’est la générosité, le partage, les vacances, et la droite le contraire : le travail et la possible accumulation de ses fruits. Si l’extrême droite est le mal absolu, la gauche est, de fait, le camp du bien, et la droite est un moindre mal. Dans cette logique, l'extrême gauche est le mieux. Si elle ne parvient pas au pouvoir, c'est probablement parce que la sagesse populaire sait que le mieux est l’ennemi du bien.
À l’opposé, Éric Zemmour s’est présenté comme le candidat de « la droite nationale », se distinguant de la droite internationale ou mondialiste qui soutient Macron. Il se voulait le trait d’union rassemblant la droite et l'extrême droite, mais il a été rapidement mis à une autre place : celle du pire extrémiste de droite, le candidat le plus loin de la gauche et donc du bien. Le travail étant une valeur reconnue de droite, il a préconisé, comme Macron, un report de l'âge de la retraite. Allongement contesté par Marine Le Pen, qui a pris soin de ne faire aucune surenchère de mesures visant à défendre la patrie, autre valeur de droite, et lui a laissé ainsi aisément la place d’extrême droite, synonyme d’élimination. Dès l'éjection de Zemmour, elle a retrouvé son statut d'extrême droite.
L’étiquette, néanmoins, lui collait moins bien. Concernant l’âge de la retraite, elle était à des années-lumière de Macron et Zemmour, très proche de Mélenchon. Un réel « extrémiste de droite » ne devrait-il pas porter au plus haut la valeur travail et, donc, contrairement à Le Pen, encourager le recul à la dernière extrémité du départ en retraite?
Ne serait-il pas plus juste de présenter Mme Le Pen comme candidate de la « gauche nationale » plutôt que d’extrême droite ? Sous ce label, n'aurait-elle pas été élue ?
M. Mélenchon n’a probablement pas tort de penser que la droite n’est pas si majoritaire qu’on le dit. Il a tout à gagner à prolonger le malentendu de l’extrême droite et à coller dès que possible cette étiquette à notre Président.
Le camp national reste empêtré dans le clivage droite/gauche que Macron a surmonté. Zemmour a sûrement compris, maintenant, que ce n’est pas « la droite » qu’il importe de rassembler pour sauver la France, mais les patriotes. Un travail encore plus herculéen.
Emmanuel Jalladeau
Source : http://bvoltaire.fr
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