Super League : 12 grands clubs surendettés veulent leur Great Reset
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Dimanche 18 avril, douze des plus grands clubs européens ont annoncé la création d'une Super League, une compétition fermée jouée en milieu de semaine qui viendrait plus que concurrencer la célèbre Ligue des champions. Pour l'agent de club Jérémy Bouhy, cette annonce sans lendemain n'est qu'une étape d'un long bras de fer entre clubs et institutions du football. Dans les faits, rien ne devrait changer.
Douze grands clubs européens ont annoncé hier la création d’une Super League. Quels intérêts les grands clubs ont-ils à créer pareille compétition ?
Tout ce que les économistes avaient prévu est en train de s’opérer.
En clair, les deux grandes bulles spéculatives qu’étaient les droits télévisés et le prix des joueurs ont explosé en même temps avec le Covid.
Ces douze clubs se retrouvent aujourd’hui surendettés avec aucun autre moyen de survie que de faire, selon la grande expression du moment, un grand reset.
Tout le monde parle d’une victoire du football marketing sur le football populaire, mais vous nous dites donc qu’il s’agit plutôt d’une géante opération de sauvetage ?
C’est une opération de sauvetage. S’ils ne repartent pas d’une page blanche pour recréer une nouvelle bulle spéculative sur les droits TV, ils ne pourront pas poursuivre économiquement.
Que les clubs appartiennent aux supporters (Real Madrid, FC Barcelone) ou à des actionnaires privés (Manchester, Chelsea, Milan AC, etc), tous sont financièrement dans le rouge.
Les leviers de croissance ont été épuisés, les actionnaires sont déjà propriétaires de leurs stades, certains clubs déjà côtés en bourse, et puisque la crise a fait fondre leur valeur et exploser leur endettement, leur revente est quasiment impossible.
La variable d’ajustement se situe donc dans les recettes TV.
Ce projet global n’est donc ni plus ni moins qu’un projet de refinancement de la dette des clubs.
D’ailleurs, la banque JP Morgan est partie prenante à l’opération.
Un bras de fer entre grands clubs et institutions politiques du football s’engagent. Comment en est-on arrivé là ?
Depuis des années, les grands clubs - réunis dans un syndicat - et l’UEFA s’opposent autour du format de la Ligue des Champions.
Les « gros » demandent une réduction du nombre de participants, se basant sur deux arguments majeurs : d’une part, un trop grand nombre de clubs induit des écarts de niveau, ce qui tire la compétition vers le bas, et d’autre part les « petits » perçoivent une part des recettes en décalage avec ce qu’ils ont réellement contribué à générer.
Ce projet de Super League va-t-il passer ?
Il n’y a aucune chance que cette Super League voit le jour. Le projet n’aboutira pas et la Ligue des champions va continuer sous sa forme actuelle.
In fine, les clubs dont il est question auront obtenu un partage qui leur sera plus favorable pour les droits TV et les droits marketing.
C’est un rapport de force qui se joue en vue de la réforme de la Ligue des champions.
Si l’on fait un parallèle historique, cela me fait penser à la crise des missiles de Cuba en 1962 : deux puissances se regardent, s’arment, mais au final chacun va rebrousser chemin et tout va continuer.
Justement, sur les réseaux sociaux, cette compétition semble faire l’unanimité contre elle. Cette unanimité vous étonne-t-elle ? Et vous réjouit-elle ?
Avec la crise actuelle, toucher au football c’est - à tort ou à raison - toucher à l’une des choses les plus sacrées de notre société moderne.
Ils ont déclenché une révolte populaire, et depuis ce matin le monde entier est contre eux.
Quand bien même il n’adviendrait pas à court terme, ce projet Super League risque-t-il de revenir régulièrement sur le tapis ?
Sans doute, mais le résultat sera le même.
Le politique mettra toujours un veto, au nom de la sauvegarde de la dimension populaire du football.
Or, en football, c’est le politique qui a le dernier mot. Les clubs sont des sociétés privées, mais elles ont au-dessus d’elles deux niveaux de « pare-feux ».
D’abord, les instances. Il n’est pas possible d’organiser une compétition qui s’appelle football sans avoir les autorisations de la FIFA et de l’UEFA.
Ensuite, les États. Un gouvernement peut tout à fait empêcher la tenue d’un match de foot, car l’organisation de l’événement (autorisations, sécurité, assurances, le médical, etc) relève des autorités.
Si on prend le cas français, le Paris Saint-Germain ne fait partie du projet, ce qui a pu en étonner certains au vu de l’envergure du club. Pourquoi ?
La position du PSG n’était pas tenable parce que BeIn Sports est partenaire commercial de l’UEFA et de la FIFA. Le fonds souverain du Qatar, qui est propriétaire du PSG et de BeIn, ne pouvait pas tirer contre son camp en participant à une compétition concurrente.
Source : http://lincorrect.org
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