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Le blog politique de Thomas JOLY

Les vols de masques se multiplient en France ces derniers jours

4 Mai 2020, 10:13am

Publié par Thomas Joly

Objets de toutes les convoitises au début de la crise, les stocks de masques connaissent une nouvelle recrudescence de pillages. Établissements hospitaliers, pharmacies, fournisseurs… Avec la complicité de certains soignants ou à leur détriment, plusieurs milliers de protections dont le pays manque encore ont été subtilisées.

Alors que les réserves de masques se constituent encore péniblement, à l’approche d’un déconfinement partiel qui en nécessitera un grand nombre, certaines d’entre elles ont été la cible de rapts organisés ces derniers jours, selon nos informations.

Le 25 avril, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), l’association à but non lucratif Adef Résidences, qui collabore notamment avec les Ehpad, déplore le vol de 16.000 de ses masques chirurgicaux. D’après son président, qui a déposé plainte le lendemain de la constatation des faits, des individus, profitant des mouvements d’employés, auraient pénétré dans les locaux de l’association et y auraient, par deux fois, dérobé ses stocks. Toujours en région parisienne, à Roissy-en-France (Val d’Oise), ce sont 20.000 masques qui ont été subtilisés, parmi d’autres matériels, dans les locaux d’une société de vente par correspondance, visitée par deux cambrioleurs, ironiquement masqués, dans la nuit du 26 au 27 avril…

Quand les soignants dérobent dans leurs propres stocks

Les établissements médicaux, en première ligne dans la crise sanitaire, ne sont pas non plus épargnés. Le 27 avril, c’est un responsable de l’hôpital de Gaillac, dans le Tarn, qui dépose plainte en gendarmerie pour le vol de 1.500 masques FFP2, particulièrement convoités pour leur niveau de protection. Constatée après un comptage routinier, la disparition est d’autant plus suspecte qu’elle concerne un local sous clé de l’établissement, ne présentant aucune trace d’effraction. Non loin de là, une pharmacie de la commune de Grisolles, dans le Tarn-et-Garonne, déplorait le même jour un prélèvement suspect dans sa cargaison de masques parmi d’autres produits pharmaceutiques, là encore, sans effraction constatée. Les Outre-mer, d’autant plus fragiles qu’ils sont souvent bien mal pourvus pour faire face au coronavirus, connaissent eux aussi ces agissements. Le Port, sur l’île de la Réunion, déplorait ce 27 avril un important manque de matériel médical dans une de ses cliniques. Thermomètres, visière anti-projection ainsi que plusieurs cartons de masques avaient été fouillés, sans que l’on puisse confirmer s’ils ont été, du moins partiellement, vidés. Le bureau concerné n’était, en revanche, qu’accessible par une clé mise à disposition du personnel de l’établissement…

Bien qu’ils leurs soient réservés, comme précisé dans les pharmacies qui ont interdiction d’en vendre au public depuis le début de la crise, les masques sont parfois dérobés par les soignants eux-mêmes. A Valeurs actuelles, une infirmière travaillant en Ehpad, près de Bordeaux, expliquait il y a quelques semaines la rigidité du protocole d’attribution des masques devenus si rares : « Ils sont comptés et placés dans un coffre. Le matin à l’embauche, on en donne un à chaque membre du personnel pour la journée. »

Les trafics s’organisent

Cette recrudescence de vols intervient après une accalmie observée depuis le mois dernier, brisée par un important signalement, début avril. 28.000 masques volés avaient été saisis par la police sur la zone Pantin-Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), comme le rapportait à La Croix le secrétaire régional du syndicat Alliance Grégory Goupil. Lors du mois de mars, de nombreux rapts avaient été signalés à travers la France, tandis que le groupe La Poste révélait détenir un stock de 24 millions de masques, au beau milieu de la pénurie.

Pour ce responsable d’un syndicat de police interrogé, qui confirme l’émergence de cette délinquance de circonstance, il n’y a malheureusement rien de surprenant : « Quand il y a une pénurie, un trafic parallèle se met toujours en place. Beaucoup de masques se vendent sous le manteau ». D’après lui, c’est, en la matière, une belle prise de guerre que la BAC du 16e arrondissement de Paris a effectué, il y a deux semaines. Cherchant désespérément à s’équiper, un médecin mord à l’hameçon d’une annonce philanthrope sur internet. Allant à la rencontre du généreux pourvoyeur de masques, l’homme réalise qu’il ne pourra repartir avec son précieux stock qu’après paiement. Avisée, la police saisira au domicile de l’homme, d’origine asiatique, 30.000 masques. C’est une autre réalité que « masque » la pénurie : les trafics et arnaques en tous genres prospèrent également.

Source : http://valeursactuelles.com

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