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Le blog politique de Thomas JOLY

Macron, le jeune anti-européen

12 Septembre 2018, 15:47pm

Publié par Thomas Joly

En chute libre dans toutes les enquêtes d'opinion réalisées en France depuis trois mois, Emmanuel Macron tente de reprendre la main sur le dossier européen.

Prenant la parole le 27 août en ouverture de la Conférence des  Ambassadeurs, le Président de la République s'est présenté en défenseur du multilatéralisme face à Donald Trump et en champion de l'Europe intégrée. Dix jours plus tard, au Luxembourg d'abord puis à Marseille où il recevait la Chancelière allemande Angela Merkel, Emmanuel Macron prônait une stratégie européenne offensive visant à une homogénéisation en matière fiscale, militaire et de politique migratoire.

Le moins que l'on puisse dire est qu'il n'aura été entendu ni par une Merkel affaiblie et obsédée par la survie de sa coalition, ni par les autres dirigeants européens confrontés à la réalité géopolitique que Macron ne semble pas discerner. Perdu dans ses chimères et ses illusions, Macron veut ignorer qu'aucun des États continentaux n'est prêt à s’engager, aujourd'hui pas plus qu'hier, dans la construction  d’une défense européenne indépendante de l'OTAN, et que l’immobilisme et la prudence restent la loi suprême de l'Union  technocratique et ultralibérale européenne. 

Au demeurant tant mieux. Car l'engagement « pro européen » de Macron qu'il définit lui-même comme « l’arc progressiste de l'Union » n’est rien d'autre que la continuité par d'autres moyens de l'utopie mondialiste prudemment et circonstanciellement ramenée pour un temps aux seuls contours du continent. 

  • Une défense européenne selon son vœu ? Elle serait tout entière vouée à la défense des droits de l'homme et aux interventions extérieures destinées à conforter les intérêts économiques, marchands ou stratégiques d’autres que nous. 
  • Une harmonisation fiscale ? Comprenez des taxes nouvelles directement décidées et collectées par l'Union.
  • Une taxe sur les grosses sociétés numériques, les fameux géants internationaux GAFA (Apple, Google, Facebook Amazon…)? Si une telle taxe dont ne veut pour rien au monde Angela Merkel serait sans doute socialement justifiée elle ne  servirait dans l’esprit de Macron qu'à  financer l’accueil des immigrés. 
  • Une politique migratoire commune ? De l'aveu même de Macron le 27 août, elle serait une « politique pour les migrants ».

Il est donc heureux que Macron ne soit ni entendu ni attendu, l'aura des premiers temps de son quinquennat s’étant considérablement terni aux yeux de ses partenaires un temps bluffé par son arnaque électorale ou séduits par sa jeunesse et son allant europhile.

À neuf mois des élections européennes, au moment où les peuples européens se réveillent et où des forces politiques nouvelles entendent imposer au pouvoir leurs aspirations à l’identité et au retour de la grandeur de nos nations, Macron qui voudrait incarner le refus du populisme et organiser la ligne de défense face à « la lèpre nationaliste »  se retrouve aussi seul que le père Soubise de l’histoire qui, se retournant dans la nuit, cherchait désespérément à la lumière d'une bougie son armée fantôme.

Pierre Dieu La Rochelle a exprimé au milieu des années 1920, l’extraordinaire enthousiasme de toute une génération issue de la Grande guerre en faveur d'une Europe rénovée, de la puissance et de la civilisation. C’était dans Le jeune européen.

Quatre-vingt-dix ans plus tard, au même âge que Drieu à cinq ans près, Macron, exalte la négation de l’Europe. Macron est bien le jeune anti-européen.

Jean-François Touzé - Délégué national du Parti de la France aux études et argumentaire

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