Rapport « Cap 22 » : persécution des Français et renforcement du contrôle d’État
Commandé par le Premier ministre qui devrait en préciser les contours à l’automne, le rapport dit Cap 22 (Comité d’action Publique 2022) sur la réforme de l’État est déjà connu dans ses grandes lignes puisque l’essentiel en a été dévoilé fin juillet dans le Figaro.
Outre les vœux pieux nécessairement consensuels dans leurs intitulés « Refonder l'administration dans la confiance », « Investir dans le numérique » ou « Retarder l’entrée dans la dépendance » qui n’est pas sans rappeler la fameuse « extinction du paupérisme », comme dans leurs intentions « faire la chasse aux doublons administratifs », ce rapport consultatif auquel ont participé une trentaine de parlementaires et membres de la désormais inévitable « société civile » – terme poli pour « idiots utiles du Système » –, ouvre un certain nombre de pistes qui, si elles devaient être suivies par le gouvernement d’Édouard Philippe, conduiraient à la fois à un bouleversement de la vie quotidienne des Français et à un accroissement de la persécution fiscale et bureaucratique (instauration de péages urbains dans les grandes villes, mise sous conditions des allocations familiales, empreinte de la carte de crédit lors d'une hospitalisation, regroupement des minima sociaux en une allocation sociale unique – y compris, bien sûr pour les étrangers – paiement direct par les usagers de certains services publics…).
Particulièrement emblématique du mépris profond dans lequel la classe politicienne et ses acolytes tiennent le peuple français, l'une des recommandations retenues par le comité parmi les 22 chapitres de mesures qu’il prône induit un changement d'habitude pour des millions de nos compatriotes : la suppression progressive puis totale de l'argent liquide et des chèques au profit de la seule carte de crédit.
Pour un grand nombre de Français, et d’abord pour les personnes âgées qui souvent ne disposent pas de cartes ou répugnent à s'en servir, pour ceux qui sont soumis aux limites d'un plafond hebdomadaire de dépenses bas et pour les plus démunis, il s’agit là d’un bouleversement majeur.
Au vrai, sous prétexte d’économies d’échelle réalisées par la disparition du « cash », c'est tout un système de suivi, de surveillance, de fichage d’État qui serait ainsi mis en place, dont la lutte contre la fraude fiscale ne serait qu’une infime partie. Grâce au suivi de nos cartes de crédit obligatoires et quasiment institutionnelles, l’État aura, en effet, accès à toutes nos données, saura qui nous voyons, où nous nous trouvons, ce que nous faisons, ce que nous dépensons, à quel parti nous adhérons, etc. Le totalitarisme démocratique n'a, on le sait, aucune limite si ce n'est celles que lui fixent la prudence et l'opportunité.
L’objectif affiché de ce rapport est de permettre à l’état d’économiser 30 milliards d'euros sur les 60 milliards de réduction de ses dépenses que promettait le candidat Macron lors de sa campagne. Objectif évidemment inatteignable sans mettre en cause le coût anapurnesque de l'immigration, tabou suprême que le pouvoir n'envisage bien sûr à aucun moment d'aborder, ni décider de la suppression pure et simple d’un des échelons du mille-feuilles des collectivités territoriales, ce que le rapport se garde bien de faire si ce n'est en prônant le regroupement maximal des communes, faisant disparaître ainsi des milliers de villages et de municipalités auxquels nos compatriotes sont particulièrement attachés.
« Arrêtez d'embêter les Français », disait, en 1966, Georges Pompidou alors Premier ministre. Plus de cinquante ans plus tard, son lointain successeur ne semble pas avoir entendu le message.
Jean-François Touzé - Délégué national du Parti de la France aux études et argumentaires
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