« Un événement sans précédent » ? L’insondable mauvaise foi de Jean-Luc Mélenchon
« Un événement sans précédent dans l’histoire de notre démocratie. » Rien de moins. C’est ainsi que, jamais avare de grandiloquence, Jean-Luc Mélenchon a qualifié la convocation de la cheffe de file LFI à l’Assemblée par la police pour apologie du terrorisme. À deux doigts de comparer Mathilde Panot à Soljenitsyne, si ce nom n’écorchait pas sa bouche d’ancien communiste.
De qui se moque-t-il ? Où était-il, ce parangon de la liberté d’expression, quand Éric Zemmour était traîné devant les tribunaux ? Qu'un journaliste soit harcelé par la Justice pour ses opinions, une pratique caractéristique des régimes autoritaires ou en passe de le devenir, aurait dû le faire sortir de ses gonds ! Et à quel moment cet amoureux transi de la liberté d'expression a-t-il tenté de dissuader sa protégée Danièle Obono d’accabler de sa vindicte et de ses poursuites le magazine Valeurs actuelles ?
Surtout, a-t-il défendu, ne serait-ce que du bout des lèvres, Marine Le Pen et Gilbert Collard quand ils ont été accusés, eux aussi, bien avant Mathilde Panot, de faire l’apologie du terrorisme - Daech, en l’occurrence -, renvoyés en correctionnelle parce qu’ils avaient posté sur les réseaux sociaux des photos des exactions perpétrées par l’État islamique ? Dans le cadre de cette enquête, Marine le Pen avait même été convoquée - sans rire - pour une expertise psychiatrique (à laquelle elle ne s’était d'ailleurs pas rendue). Comme si montrer les horreurs de la guerre était y souscrire. À ce train-là, le mémorial de Caen devrait être fermé de toute urgence pour accointance avec le nazisme. Il y avait pourtant une différence de taille : si Mathilde Panot et ses amis ont eu des mots plus qu’ambigus à l’endroit du Hamas, il n’a jamais traversé l’esprit de personne que Marine Le Pen puisse, de près ou de loin, soutenir Daech. La mauvaise foi le disputait au ridicule et l’affaire s’est soldée par une relaxe. Il n’empêche. Le harcèlement judiciaire d’une élue et cheffe de file politique a bien eu lieu.
Celui qui se définit comme robespierriste ne connaît pas assez la vie, pleine de leçons, de son héros préféré : quand Danton est parti à la guillotine, il a crié, alors que la charrette passait devant Robespierre : « Tu seras le prochain ! » Il n'a pas lu, non plus, la célèbre œuvre de Mary Shelley : Frankenstein. Mélenchon découvre à ses dépens la censure qui vous empêche de tenir conférence dans une salle, les comités d’accueil hostiles et vociférants à l’entrée de vos interventions et la judiciarisation de vos opinions… tous procédés qui participent de l’agit-prop qu’avec ses amis il a inventée et longuement pratiquée.
Il est de bon temps, à droite, sur les réseaux sociaux, de se découvrir soudain une âme de Voltaire - « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais, etc. » Il est vrai que cette convocation de Mathilde Panot n’est ni opportune ni utile. On peut saluer la magnanimité et la grandeur d’âme de l’opposition. Mais on voudra bien nous pardonner : même si nous ne nous réjouissons pas de la convocation de Mathilde Panot, nous n'arrivons pas à en pleurer.
Gabrielle Cluzel
Source : http://bvoltaire.fr
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