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Le blog politique de Thomas JOLY

Sonia Backès s’en va-t-en guerre contre le complotisme

4 Novembre 2022, 15:07pm

Publié par Thomas Joly

Jusqu’à présent, on avait peu – pour ne pas dire plus – entendu parler d’elle : Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté auprès du ministre de l’Intérieur. Il faut avouer qu’elle fait preuve de plus de discrétion que son prédécesseur à ce poste, Marlène Schiappa, qui, elle aussi, depuis qu’elle a été recasée à l’Économie sociale et solidaire, semble s’être enfermée dans un silence d'huître. La marque, sans doute, des grands serviteurs de l’État, plus faiseux que diseux.

Sonia Backès, donc. Première personnalité politique néo-calédonienne à accéder au gouvernement, si l’on en croit sa fiche Wikipédia, longue comme un jour sans pain. Autre particularité concernant ce ministre, elle a conservé ses fonctions de présidente de l’Assemblée de la province Sud de Nouvelle-Calédonie. Ce cumul de fonctions à près de 17.000 kilomètres de distance ne pose pas de problème ? Pas du tout. « Sur le sujet calédonien, l’État est représenté par le ministre de l’Intérieur et par le ministre délégué aux Outre-mer, pas par moi. Le portefeuille que j’ai n’a strictement rien à voir avec la Nouvelle-Calédonie. Les représentants de l’État seront ceux que je viens de citer et pas moi », avait-elle déclaré lors de son entrée au gouvernement, en juillet dernier. Cette ancienne RPR-UMP-LR calédonienne possède tous les codes du macronisme.

Quatre mois qu’elle est au gouvernement, il était donc temps qu’elle fasse son épiphanie, si elle veut éviter de basculer dans la catégorie des ministres qui n’impriment pas. Et donc, ce 2 novembre, invitée de BFM TV, elle annonce que le gouvernement va organiser des « assises des dérives sectaires et du complotisme », sous le regard approbateur de Roselyne Bachelot qui avait troqué sa casquette de grosse tête pour celle d’interwieveuse. « Pas des assises pour faire un groupe de travail, etc. », nous rassure d’emblée l ministre. Non, « l’idée, c’est de mettre en place un plan d’action concret ». « Qu’est-ce qu’on fait quand on voit son collègue de travail, son voisin touché par ça ? » « Ça » : c’est-à-dire ?

Dans un monde où, semble-t-il, il y a de plus en plus de zinzins, on ne peut que se réjouir que les pouvoirs publics réfléchissent à ce que l’on peut faire pour éviter que des personnes fragiles se laissent embarquer dans une dérive sectaire. Mme Backès sait, d'ailleurs, de quoi elle parle, sa mère l'ayant embrigadée dans l'Église de Scientologie lorsqu'elle était enfant. Il existe des indices relativement objectifs qui permettent de déceler chez une personne ce risque. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES) les a établis : déstabilisation mentale, caractère exorbitant des exigences financières, rupture avec l’environnement d’origine, embrigadement des enfants, discours antisocial, troubles à l’ordre public, importance des démêlés judiciaires, éventuel détournement des circuits économiques traditionnels, tentatives d’infiltration des pouvoirs publics. Cependant, la MIVILUDES précise qu’« un seul critère ne suffit pas pour établir l’existence d’une dérive sectaire et tous les critères n’ont pas la même valeur ».

En revanche, on ne peut que s’interroger sur cette volonté gouvernementale de lutter contre le « complotisme » en l’associant, pour ne pas dire l’amalgamant, aux dérives sectaires. Je sais qu’en posant cette interrogation, je prends le risque d’être taxé de complotiste – dans ce monde zinzin, on se mord vite la queue ! -, mais lorsqu’on parcourt le Guide des théories du complot, édité en 2020, lors de la pandémie de Covid, sous l’égide de la Commission européenne, on ne peut pas ne pas se poser quelques questions.

On découvre ainsi dans ce guide que « la plupart des études ne constatent pas de différence significative entre les hommes et les femmes. Cependant, les adeptes masculins des théories du complot sont souvent plus visibles et plus directs. » Le mâle blanc de plus de 50 ans, on suppose. Explication : « La raison en est peut-être que les théories du complot sont un moyen de faire face à la crise généralisée de la masculinité dans le monde occidental. » Plus intéressant encore, ce chapitre intitulé « Comment les théories du complot et le populisme sont-ils liés ? » Nous y voilà. Explications. « Les supporters des partis et mouvements populistes semblent être particulièrement réceptifs aux théories du complot, et les politiciens populistes emploient souvent une rhétorique conspirationniste. En effet, le populisme et la théorie du complot réduisent tous deux le champ politique complexe à une simple opposition : le peuple contre l'élite, dans le cas du populisme, et les victimes de la conspiration contre les conspirateurs, dans le cas du conspirationnisme. » On comprend mieux. Ne pas oublier que Mme Backès est secrétaire d’État à la Citoyenneté.

Georges Michel

Source : http://bvoltaire.fr

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