Déconfinement et business de la peur : ma cabane en Plexyglas
On l’a dit et répété, « plus rien ne sera comme avant ». Ah ah, on allait voir ce qu’on allait voir : la vie en vert, Hulot avec ses larmichettes et sa barbe de trois jours, les yeux au ciel sur le monde de demain ! C’est tout vu, en effet : le nouveau monde n’est pas en vert, il est en Plexyglas™.
On rigole, mais plus on avance, plus il apparaît que les fictions d’hier se font réalité. Ainsi l’avenir pourrait bien être « sous le dôme ».
Pourtant le Premier ministre, étonnamment guilleret, l’a annoncé ce jeudi : la bête immonde perd du terrain. Le virus recule, les guerriers de la première ligne peuvent enfin souffler et l’on peut commencer d’astiquer les médailles pour le 14 Juillet. Comme les vampires, le Covid-19 n’aime pas le soleil, alors les terrasses vont rouvrir. Aïoli et pastaga au menu, sur carte virtuelle. Pas de smartphone s’abstenir. L’occasion de faire du tri dans la clientèle… Comme on n’a toujours pas déconfiné les vieux, hein, quelle importance ? Mémé passera l’été dans sa chambre à l’EHPAD, avec son plateau-repas. Pas besoin de QR code pour mourir d’ennui.
Donc, les restaurants vont rouvrir, avec la phase 2 du déconfinement. Une table sur deux ou trois, le masque pour circuler, les serveurs encagoulés, les mains gantées et le gel en tartine. Miam ! Quelques exceptions, toutefois : les zones où la bête rôde encore, c’est-à-dire l’Île-de-France, Mayotte et la Guyane. Raciste, ce Covid-19 qui n’aime ni les tropiques ni les bords du canal Saint-Martin !
À Paris et couronne, c’est donc double peine pour les restaurateurs sans terrasse, quand bien même ils proposent d’aménager leur salle… Et question aménagement, certains ont des idées. De belles idées, « esthétiques et pratiques pour respecter les gestes barrières », nous dit-on. Ainsi le designer français Christophe Gernigon qui a imaginé de nous mettre sous cloche.
« Mon idée première, c’était l’aide aux restaurateurs », confie-t-il au Parisien, alors il a lancé « Plex’Eat », un objet « entre la coupole, l’abat-jour et la visière ». « Je voulais que ça soit détachable comme une visière, à nettoyer à plat pour un deuxième service », dit-il. Techniquement, « la bulle/cloche est ouverte à l’arrière et suspendue au plafond pour éviter tout sentiment d’enfermement et permettre, par exemple, de reculer sa chaise ». Pour ce qu’on en a vu, il ne faut toutefois pas trop écarter les coudes… ni être claustrophobe. En revanche, c’est sûrement un atout pour les psychotiques atteints du syndrome de la cabane. Avec un masque, des gants et une bonne combinaison étanche, ils pourront goûter aux joies retrouvées du restaurant sous cloche.
Ça plaît beaucoup. Il paraît que les commandes affluent du monde entier : États-Unis, Japon, Allemagne, Angleterre… La production en grand a démarré et 10.000 exemplaires sont déjà en cours de fabrication. La première installation a eu lieu mercredi, dans un restaurant parisien, nous dit Le Parisien. Je sens qu’il va être du dernier chic d’aller dîner sous cloche. Pensez, à 150 euros l’unité, c’est assurément une marque de standing.
On nous le dit tous les jours : on ne connaît pas encore les métiers de demain. On voit déjà se profiler le business du Covid-19 et de la peur…
Marie Delarue
Source : http://bvoltaire.fr
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