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Le blog politique de Thomas JOLY

À Remoncourt, un calvaire a été abattu… La majorité culturelle chrétienne en péril ? (par Gabrielle Cluzel)

9 Juillet 2015, 06:12am

Publié par Thomas Joly

Dans la nuit de dimanche à lundi, dans le village de Remoncourt (Vosges), un calvaire en bord de route a été abattu. La grande croix de bois a été sciée.

Le maire a confié à Vosges Matin être très contrarié par cette « atteinte à un symbole religieux, qui fait partie de la mémoire collective du village », mais il « n’ose penser qu’il s’agit d’une attaque religieuse », « plutôt de vandalisme stupide ».

Certains diront qu’il n’y a pas mort d’homme. Pas de quoi fouetter un chat. Il est vrai que nous serions en 1978, dans la France insouciante et légère de Giscard d’Estaing, l’affaire ne mériterait pas plus qu’un encart dans le quotidien local. Il y a des zinzins partout, n’est-ce pas, alors pourquoi pas à Remoncourt ?

Sauf que la France n’est plus insouciante ni légère. Sauf qu’il y a un contexte et des précédents – notamment dans le village où le cimetière a été profané – qui donnent une coloration symbolique particulière au spectacle de ce grand Christ en croix gisant face contre terre. Sauf que « le ou les auteurs s’y sont repris à plusieurs fois, […] cela a dû prendre un peu de temps pour la faire tomber […], la solide poutre centrale, haute de plusieurs mètres, [étant] de la taille d’une traverse de chemin de fer », bref beaucoup d’efforts développés pour du « vandalisme stupide » perpétré par quelques garnements désœuvrés…

Les paroles de ce brave et obscur maire de campagne, tout en bas de l’échelle de l’État, sont emblématiques du reste de la pyramide : Il « n’ose penser » qu’il s’agit d’une attaque religieuse. Peut-être, un jour, faudra-t-il songer à oser penser ? Peut-être même, soyons fous, à oser agir ?

D’autres diront encore qu’il ne faut pas sombrer dans la surenchère victimaire, que la comptabilité de ces déprédations sur l’air de « Moi aussi, m’sieur, on m’fait mal, r’gardez ! » est malvenue.

Il y a quelques semaines, Élisabeth Lévy, dont les analyses sont pourtant souvent très justes, prétendait dans Causeur, sous le titre « La dernière tentation des chrétiens », qu’« entre majorité culturelle ou minorité opprimée, il [fallait] choisir » : « affairés qu’ils sont à améliorer leur score au palmarès de la persécution, les cathos ne voient pas le piège qu’ils se sont tendus à eux-mêmes ? En gagnant leurs galons de minorité religieuse, ils risquent de perdre définitivement leur statut de majorité culturelle. On ne peut pas éternellement jouer sur deux tableaux : entre les délices de la posture minoritaire et les privilèges ingrats de l’ancienneté, il faut choisir. »

Si l’on en croit sa diffusion sur les réseaux sociaux, l’article a rencontré un certain écho auprès des catholiques eux-mêmes.

Prétendre conserver son statut de culture « majoritaire » empêcherait de dénoncer les agressions ? Le raisonnement est spécieux. Ce statut n’est pas un trône sur lequel on tenterait tant bien que mal de rester assis, la couronne de traviole sur la tête, en gardant la posture digne qui sied aux rois, c’est-à-dire sans pleurnicher, mais un fait : notre culture chrétienne est « majoritaire » en ce sens qu’elle est constitutive, plus qu’aucune autre, des fondations de notre pays. Comme il est un fait que les attaques contre elle, petites ou grandes, se multiplient. Exposer les faits relèverait donc de la concurrence victimaire ?

Il est probable que l’Histoire, au siècle prochain, analysera ces freins psychologiques complexes, ces autocensures d’une humilité confinant inconsciemment à l’orgueil – « Nous autres ne mangeons pas de ce pain-là, nous ne nous abaissons pas à geindre ! » – qui auront paralysé les résistances.

Dommage, il sera trop tard.

Source : http://www.bvoltaire.fr

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