Campagne anti-tabac : sidérer les peuples en gouvernant par le chaos… (par Aristide Leucate)
Au Royaume-Uni, de nouveaux spots contre le tabac sont actuellement diffusés avec l’intention manifeste de marquer les esprits par des images chocs. Exemple avec ce père de famille se roulant une cigarette contenant une matière gluante, peu ragoûtante, hybride de colle à bois, de beurre de cacao et de caramel mou. Et une voix off de prévenir : « Quand vous fumez, des toxines attaquent vos organes et font pourrir votre corps. Chaque cigarette vous pourrit de l’intérieur. »
En France, nos campagnes anti-tabac s’affichent sur les paquets de cigarettes eux-mêmes. Le consommateur ne peut ainsi échapper aux images surréalistes de larynx ou lobes pulmonaires hypertrophiés par d’insanes métastases cancéreuses. Sans parler de slogans hygiénistes sur le mode « on vous aura prévenus », tels « fumer réduit l’activité sexuelle » ou le définitif « fumer tue ». Et que dire, à la veille des grandes transhumances estivales, de ces campagnes nationales de prévention routière particulièrement crues, voire de ces invites à multiplier les relations sexuelles sous la sacro-sainte réserve de « sortir couvert » ?
Las. Ces campagnes ont-elles jamais éradiqué les maux, objets de leurs cibles ? Certes, de beaux esprits, emplis de compassion pour leurs contemporains, objecteront que les statistiques de malades ou tués auront été divisées par 2, 5 ou 10, selon les domaines considérés, en quarante ans.
Et pendant ce temps, sous nos yeux aveugles devant cette industrie de l’hébétude qu’est le turbo-consumérisme de masse, tout ce que l’on cherche hypocritement à interdire ou condamner continue de se vendre, de s’acheter et de se taxer. L’État se veut toujours plus puritain, hygiéniste et moralisateur pendant que la société n’en finit pas de s’encalminer dans le crédit (pour satisfaire le désir illimité), la publicité (pour susciter ce même désir des biens de consommation) et l’obsolescence programmée (pour renouveler sans cesse lesdits désirs).
Le sens commun ressent pourtant un dysfonctionnement majeur. C’est ce que le philosophe Lucien Cerise a théorisé par le concept d’ingénierie sociale, soit un système de gouvernement par le chaos, introduisant à dessein de l’erreur, de la confusion et de la transversalité, pulvérisant ainsi tous les repères, notamment axiologiques et culturels, d’un individu et, plus largement, d’une nation. Tel est le noyau atomique du mondialisme : « Harmonisation, homogénéisation, standardisation des normes et des procédures, afin de conférer à celles et ceux qui les pilotent une meilleure vue d’ensemble et un meilleur contrôle, l’idéal étant de parvenir à fusionner la multitude des groupes humains hétérogènes dans un seul groupe global. »
Le système capitaliste étayé par l’idéologie libérale-libertaire pratique dès lors, pour tromper sciemment et rajouter au désordre moral, intellectuel et politique ambiant, ce qu’Orwell dénommait la double pensée, excellemment analysée par Jean-Claude Michéa comme une « étonnante gymnastique mentale – essentiellement fondée sur le mensonge à soi-même – permet[ant] […] de pouvoir penser en même temps deux propositions logiquement incompatibles ». Orwell y décelait un indice de la pensée totalitaire.
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