La France sans Histoire ne sera pas une France sans histoires (par Jean-Charles Mignard)
Nous avons tous nos connaissances et nos opinions. Et c’est bien. Mais je ne saurais dire le droit comme un magistrat ou apprendre à un maçon comment monter un mur. Je n’aurais jamais la prétention d’apprendre à un boulanger comment pétrir sa pâte ou à un médecin comment mener son diagnostic.
J’ai consacré cinq années de ma vie à temps plein à l’histoire, à la géographie et à l’économie de la France, de l’Europe et du monde. Et j’ai bien des lacunes !
Mais nos commentateurs-maîtres à penser en vogue, tout comme nos vertueux politiques, ne cessent de « dire » l’Histoire sans la moindre formation pour la plupart. Ils ont l’Histoire infuse, comme toutes les autres sciences d’ailleurs. Alors, chère vieille discipline, que de sottises j’entends proférées en ton nom.
Il faut dire que « l’américanolâtrie » ambiante dans l’Union européenne favorise bien les choses. Les Américains ne comprennent guère l’Histoire. Ils en ont si peu – quatre siècles au plus.
De même, l’Europe « unie », dont le drapeau si laid et si banal défigure les frontons de nos mairies, ne semble guère s’embarrasser des histoires nationales. Foin de toutes ces vieilleries, trop souvent sanglantes, je le concède !
Mais, ne leur en déplaise, de Bernard Palissy à Pasteur, de Pascal à Hugo, de Denis Papin à Marie Curie, l’Histoire de France, ce n’est pas que du sang, de la graine de repentance et du colonialisme. M. Hollande, toujours si sûr de lui qu’il en est pathologiquement ridicule, nous assène que la France est un vieux pays d’immigration (allusion à son patronyme ?). Certains de ses partisans soutiennent même que nous sommes tous des descendants d’immigrés. Formidable révisionnisme doublé d’une grosse ficelle politique !
Oui, c’est vrai, même moi, je descends d’immigrés, mais précisons que cela remonte à quelques millénaires. Ces ignorants ont-ils réalisé que nous descendions aussi tous d’anthropophages ? Je songe sérieusement à une expiation publique retentissante ! Alors, comme il y avait en URSS la biologie de Lyssenko, il y a, dans la France de Hollande, l’Histoire revisitée par la Grande Repentance, la Haine de soi officielle, avec imprimatur de la sainte Église antiraciste.
Mais, voyez-vous, mes maîtres, l’Histoire enseigne aussi que les faits sont têtus, que la vérité ressort toujours du puits où on l’a jetée.
Notre Histoire gêne ceux qui ne la partagent pas. Elle est un socle commun auquel on doit adhérer pour se sentir français. Elle n’est pas partagée par ceux qui ne veulent pas s’assimiler.
La France ne se résume pas dans la République, l’Histoire ne se réduit sûrement pas au « vivrensemble ».
Sans la lumière de l’Histoire, une nation chemine à l’aveugle. Alors, malheureusement, la France sans Histoire ne sera pas une France sans histoires.
Source : www.bvoltaire.fr