Arrêtons d’emmerder les Français (par Françoise Roussel)
De quand datent les premiers chemins ? Quand les hommes ont commencé à se sédentariser, pour aller au point d’eau, à la forêt proche pour chasser, ou cueillir les baies.
Puis les chemins devinrent routes, d’abord en terre puis empierrées ou dallées pour éviter les ornières, puis pavées et enfin, au 20e siècle, arriva l’asphalte, qui donna à ce maillage dense de voies de transport une qualité de confort inégalée et parfaite à l’automobiliste béat.
Dans le cerveau pervers de quel conseiller municipal germa un jour l’idée du « ralentisseur » ? Le panneau de signalisation indiquant la vitesse à ne pas dépasser ne devant pas être suffisamment motivant, on obligea donc les automobilistes à cahoter à nouveau comme au Moyen Âge ! Car le concept fit florès, et il n’est maintenant de bourgade française qui ne soit ainsi généreusement équipée, parfois tous les trente mètres, et l’on peut admirer les voitures monter puis descendre ces dos d’âne, et conducteurs et passagers se faire secouer comme des marionnettes, nous ramenant l’inconfort des temps jadis alors que l’on pourrait rouler limpidement et sereinement sans la motivation d’activer le sacro-saint « principe de précaution » décidé par un conseil municipal bas de plafond et moutonnier mais tout-puissant et régressif.
J’observe également que pour soi-disant limiter la fraude dans le RER, on a installé des portillons hauts très difficiles à franchir quand on est chargé, avec une efficacité douteuse, les employés RATP regardant sans piper les jeunes sauter ces obstacles avec souplesse. Les étrangers s’étonnent de constater qu’il faille repasser le ticket et refranchir un portillon pour sortir de la gare : là aussi, on empoisonne le voyageur lambda pour faire semblant de contrer une fraude marginale et finalement bienveillamment tolérée.
De même m’étonnai-je un jour de voir un marteau dans la cuisine d’une vieille amie… « Impossible de brancher les appareils si je ne tape pas sur la prise avec un marteau », m’informe-t-elle… Je me suis moi-même retrouvée à pester contre ces prises obturées de façon quasi hermétique et mettre plusieurs minutes à réussir à brancher un appareil, et là je me dis qu’il n’est pas sûr que la technique de mon amie soit totalement sûre pour elle…
Tous ces désagréments mis en œuvre légalement pour éviter le potentiel accident nous gâchent la vie alors que l’éducation devrait tenir lieu de principe de précaution. Un bébé d’un an comprend parfaitement « non » et les limites du territoire de son exploration si on lui explique et le reprend, et n’ira pas toucher la prise de courant si on l’en a plusieurs fois empêché.
De même la courtoisie et la civilité devraient permettre une circulation apaisée en ville, mais sans contrainte. Ayant vécu aux États-Unis j’ai observé que les gens roulaient là-bas doucement, avec respect des piétons et des limites de vitesse car l’individualisme est, chez les Anglo-Saxons, beaucoup moins sacralisé qu’en France, et ils se plient naturellement aux règles qui permettent une vie en société agréable.
Alors oui, « arrêtons d’emmerder les Français », mais dès le plus jeune âge, que les parents secondés par des enseignants solides et motivés éduquent leurs enfants dans le respect des règles et les limites de leur liberté, pour en faire des citoyens compréhensifs qui n’auraient pas besoins de garde-fous débiles pour se conduire normalement . Une utopie ? C’était la règle avant Mai 68, alors oui, reprenons ce qui était bon dans le passé, une certaine exigence d’éducation et comportement, et gardons le meilleur du présent, le progrès technique et médical si merveilleux de notre époque.
Source : http://www.bvoltaire.fr