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Le blog politique de Thomas JOLY

Intervention de Pierre Descaves sur le démantélement de la Picardie (13.03.09)

, 09:26am

- Session du Conseil Régional de Picardie du 13 mars 2009 -

 

 

Projet de réforme des institutions et des collectivités locales

 

 


Intervention de Pierre Descaves pour le groupe « PATRIE et LIBERTÉ »




La présente session du Conseil Régional de Picardie a pour objet d'analyser, au regard de notre région, issue d'une histoire portant sur quinze siècles, l'une des propositions de la « commission sur la réforme des institutions et des collectivités territoriales », appelée dans les médias « comité BALLADUR », du nom de son président Edouard BALLADUR. Ce dernier est un ancien premier ministre R.P.R., devenu U.M.P., par simple transfert de dénomination, montrant que l'on est passé du CHIRAQUISME au SARKOSISME, c'est-à-dire de l'immobilisme le plus complet au paroxysme du réformisme.

La proposition sur laquelle, le Président du Conseil Régional nous a demandé notre avis est relative au démantèlement de la Picardie, dont le territoire serait réparti entre le NORD-PAS-DE-CALAIS (département de la Somme), L'ILE DE France (département de l'Oise) et CHAMPAGNE-ARDENNE (Département de l'Aisne).

Bon nombre d'arguments pourraient être développés à l'encontre de ce projet ignominieux, mais je me limiterai pour ma part, à deux catégories d'observations :

    La proposition est hors compétence de la commission

    La proposition est une erreur historique




-    


La création du « comité pour la réforme des collectivités locales » résulte d'un décret du 12 octobre 2008, du Président de la République.

L'article premier définit, de façon précise les attributions de cet organisme de réflexion :

      simplifier les structures des collectivités locales

      clarifier la répartition de leurs compétences

      permettre une meilleure allocation de leurs moyens financiers

      formuler toute autre recommandation qu'il jugera utile.


Il est précisé que la mission dont il est chargé doit être conforme à la lettre du Président de la République annexée au présent décret.

Cette lettre, également datée du 22 octobre 2008, donne les raisons ayant conduit son auteur, Nicolas SARKOZY, à signer ce décret :

      la prolifération des échelons de décisions ;

      la confusion dans la répartition des compétences ;

      l'absence de netteté dans la répartition des moyens ;

      l'uniformité des règles appliquées à toutes les collectivités de tous ces maux résulteraient :

                        - la lourdeur des procédures

                        - l'aggravation des coûts

                        - l'inefficacité des interventions publiques

                        - et finalement : l'éloignement des citoyens.


Le comité devra évoquer toutes modifications d'ordre administratif, juridique, ou fiscal qui paraissent utiles.

Le Président souhaite que soient, par priorité, mises à l'étude :

      la modification des structures, en vue de leur simplification

      la répartition des compétences, en vue de leur clarification

      l'allocation des moyens financiers, en vue de leur emploi le plus économe possible.

Il y aura lieu de faire ensuite :

      que les structures des collectivités territoriales favorisent une meilleure gestion des deniers publics

      que les responsabilités de chacun apparaissent plus clairement à vos concitoyens

      que soient approfondies les libertés locales.

Pour réaliser cette mission, le Comité devait procéder à une large consultation des représentants élus des collectivités territoriales.


L'allocution du Président SARKOZY, lors de l'installation du Comité n'a rien apporté de nouveau mais a ajouté que les citoyens estiment excessifs :

      le nombre d'échelons de collectivités

      l'augmentation de la fiscalité locale

      le coût croissant du fonctionnement des collectivités


Sauf à lire dans ces documents ce qui ne s'y trouve pas, le démantèlement d'une région, qui remonte à l'origine de la France, n'y figure pas.

Le dépeçage BALLADUR de la Picardie n'apportera, c'est évident, aucune amélioration dans les domaines visés.

La région Picardie, n'est pas un échelon de collectivités, c'est l'ensemble des régions qui constitue un échelon.

Le transfert proposé des départements n'aura aucun effet ni sur la fiscalité, ni sur la répartition des compétences.


En fait, en faisant cette proposition, le Comité BALLADUR, a statué en dehors de sa compétence déléguée. Les juristes diraient qu'il a statué « ultra petita », ce qui a pour effet de rendre nulle sa proposition.


Mais alors si le but n'est pas celui fixé par le Président SARKOZY, quel but ont-ils visé ?

Il apparaît, malheureusement, que la raison profonde de cette proposition infâme est purement et bassement électoraliste.

      M. MAUROY, membre de la commission, recevra un territoire nouveau, la SOMME, dont les votes sont généralement orientés à gauche.

      L'Ile de France, objet d'une bataille au couteau entre la gauche et la droite, verra cette dernière renforcée par l'apport de l'OISE, traditionnellement droitière.

      Le secrétaire général de l'UMP recevra, pour sa part, l'AISNE, autre département droitier.


Voilà comment le Comité BALLADUR a transformé à des fins électorales la mission qui lui avait été confiée.




-      


A cette observation, on peut ajouter que la proposition BALLADUR a aussi pour objet de faire perdre à la Picardie ses racines historiques.

Dans le dossier qui nous a été remis, « l'histoire » débute en 1790, alors que la Picardie a des racines bien plus anciennes.

Son histoire se confond, dès l'origine, avec l'histoire de France.


C'est Clovis, le Roi des Francs qui gagne la bataille de SOISSONS, sur les Romains, en l'an 486.

CLOVIS, 14 ans plus tard, avec toute son armée, est baptisé à REIMS par l'évêque REMI devenu Saint REMI.

Son successeur Saint ELOI s'installera à NOYON, ville où CHARLEMAGNE fut sacré, en 768, Roi d'AUSTRASIE avant de prendre le trône de France.


C'est aussi à SOISSONS, en Picardie, que débute la dynastie des CAROLIGIENS, lorsque PEPIN LE BREF, fils de CHARLES MARTEL, en 751, s'installe sur le trône en éliminant CHILPERIC qualifié de « Roi  Fainéant ».


C'est à NOYON également qu'HUGUES CAPET fut hissé sur le pavois, en 987, et devint Roi de France, premier Roi de la dynastie des CAPETIENS, laquelle durera 800 ans.


Plusieurs villes de Picardie devinrent résidence des Rois, ou lieu d'histoire : LAON, COMPIEGNE, AMIENS, PERONNE, CHATEAU-THIERRY, CLERMONT, VILLERS-COTTERETS, CREPY EN LAONNOIS.



Ces grands hommes y sont nés ou y ont marqué l'histoire :

      le grand CONDE, Louis II de Bourbon à CHANTILLY

      Jeanne d'ARC, capturée près de COMPIEGNE, et condamnée par un tribunal présidé par l'évêque de BEAUVAIS, Pierre CAUCHON

      Jeanne HACHETTE qui est née et s'est illustrée à BEAUVAIS

      CALVIN est né à NOYON en 1509.



Pour ma part, je retiendrai surtout, que c'est sur le sol de la Picardie, que se sont déroulées les grandes batailles, pour la défense du territoire, contre les envahisseurs Allemands :

VERDUN, le CHEMIN des DAMES, SENLIS, les TAXIS de la MARNE pour la grande guerre de 1914-1918. Il y eut 1 360 000 morts et 3 595 000 blessés.

En 1939-1945, les fronts de l'AISNE et de la SOMME sont percés, Paris bombardée, puis déclarée ville ouverte. Les pertes furent moins lourdes car la bataille n'avait duré que 60 jours contre 4 ans pour la précédente guerre. On compte néanmoins 210 000 morts.


Voilà, en un très bref résumé, comment l'histoire de la Picardie s'apparente à celle de la France.





CONCLUSION


L'ignominie envisagée ne restera pas sans conséquences dommageables pour ses auteurs.

L'un des droits les plus précieux du citoyen est contenu dans la déclaration du 26 août 1789 citée en préambule de notre constitution : il s'agit de « la résistance à l'oppression »


M. BALLADUR, sur LCI, le 7 mars 2009 a dit que la réforme serait décidée par la voie parlementaire afin d'exclure la population picarde de la décision conduisant à sa disparition. Ce disciple de Nicolas SARKOZY méprise le peuple. Il veut refaire le coup de force de la Constitution pour l'Europe.

Cette constitution, refusée par 55% des électeurs, le fut en Picardie à 65%. Puis, Nicolas SARKOZY a utilisé un véritable subterfuge en faisant adopter par la voie parlementaire un succédané de ce projet après l'avoir baptisé « Traité de Lisbonne ».

Par ce pseudo traité, la souveraineté du Peuple, qui date de 1789, a été transférée à des fonctionnaires désignés on ne sait par qui, qu'aucun peuple n'a élus, et qui veulent régenter notre vie sans nous consulter.

Que les élus prennent garde à la colère du peuple. Tôt ou tard, ils devront rendre compte de leurs actes et de leurs forfaitures.


L'Assemblée des Régions de France a demandé qu'un référendum soit organisé de façon préalable à la mise en œuvre des propositions BALLADUR pour tout découpage territoriale.

Le Conseil Régional de Picardie devra exiger qu'un référendum des Picards soit organisé avant toute décision de démantèlement de la Picardie.

Telle est la décision que nous soumettons à l'appréciation de notre Conseil Régional.