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Le blog politique de Thomas JOLY

Mohamed

26 Mars 2012, 12:16pm

Publié par Thomas Joly

MerahTout à l'heure j'ai vu Mohamed Merah. Il était dans sa voiture, du mauvais rap dans les enceintes, à l'arrêt devant un feu vert, discutant avec un de ses potes, qui n'était autre que Mohamed Merah. Plus tard dans la journée, j'ai croisé deux autres Mohamed Merah, marchant sur une place pavée de cette manière si particulière laissant croire qu'ils ont une jambe plus courte que l'autre, se déplaçant très lentement, ils fixaient les clients sur les terrasses, ils s'approchaient, comme s'ils attendaient un "regard de travers", une excuse.

 

En buvant mon verre - assis au soleil - je les observais, et je repensais à un autre Mohamed Merah, un que j'ai connu il y a longtemps, en sixième. Il s'appelait Kader celui-ci. Un gamin issu de la banlieue qui enveloppait notre collège, un petit bonhomme avec qui je riais beaucoup, gentil comme pas deux, une "crème" comme on dit. Une fois il m'a dit "Hitler ? J'le déteste c'était un facho ! Sauf pour les Juifs, là j'lui dis trop merci pour ce qu'il a fait Wallah !", au début j'ai pensé qu'il plaisantait, évidemment. Mes oreilles n'étaient pas préparées à ça, on m'avait pas prévenu, c'était pas prévu dans le scénario. Depuis j'ai fait de la route.

 

Racailles"C'était un garçon plein de vie, souriant, poli, on ne comprend pas ce qui s'est passé", qu'ils disent, à la télé. Comme si - en voyant les images de ce type en train de faire crisser les pneus d'une bagnole qui vaut quelques dizaines de SMIC - on ne comprenait pas de qui il s'agissait. Comme si c'était le genre de types à qui on confierait un de nos gosses ou même 10 euros. Comme si ce sourire-là nous disait du bien sur son propriétaire. Quand j'ai vu sa gueule hilare dans tous les JTs j'ai eu l'impression de le connaître, de le reconnaître, tellement je l'ai croisé dans ma vie. C'est évidemment lui qui reste au milieu de la route et bloque la circulation, et c'est encore lui qui rôde avec ses potes autour des cafés en ville. C'est avec lui que je rigolais de bon cœur quand j'avais l'excuse d'avoir 11 ans. C'est lui dont tout homme doté d'un minimum de bon sens s'éloigne avec sagesse, c'est avec lui que chaque jour on s'applique à garder une distance de sécurité - non par couardise mais par intelligence élémentaire - parce que l'on sait que lui contrairement à nous n'a rien à perdre, qu'il a la rage et qu'il n'hésitera pas à la déchaîner contre une femme, un enfant, un handicapé, qu'on a déjà vu ça plus d'une fois. Alors on évite le conflit pour nos gosses, pour notre copine, pour notre vie, avec une extrême prudence totalement légitime. Lire la suite

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