Les Rroms, un casse-tête millénaire (par Claude Lorne)
Que faire des Roms, ou plutôt Rroms (1), et pour les Rroms ? A peine le gouvernement avait-il annoncé le 23 août un assouplissement des règles en matière d’emploi pour les 15.000 Tziganes officiellement recensés en France afin de hâter leur insertion que l’on apprenait le lendemain par des statistiques policières – confirmées par le ministère de l’Intérieur – que cette communauté faisait preuve d’autant d’inventivité que de productivité, mais dans un domaine fort embarrassant : celui des crimes et délits en tout genre.
Les belles âmes qui, avant l’élection présidentielle, manifestaient aux côtés de Tziganes menacés d’expulsion sous le slogan – passablement ésotérique pour le citoyen lambda – de « Nous sommes tous un terrain vague » ignoraient sans doute que le problème ne se poserait pas en Europe sans… l’intolérance islamiste !
A l’origine, la fatwa du sultan Mahmoud
C’est en effet le sultan Mahmoud de Ghaznî (971-1030), Turc dont le clan était de fraîche date converti au sunnisme, qui les expulsa manu militari du Sind, province de l’actuel Pakistan (2). Ainsi bannis du Sind, les Sinti (ou Tziganes en pays slaves, Zingari en Italie) mirent le cap à l’ouest, se dirigeant pour partie vers l’Empire byzantin et l’Europe, pour partie vers l’Egypte, d’où le nom de Gitans ou de Gypsies, du grec Ægyptoï, que leur donnèrent plus tard les Espagnols puis les Anglais. Que leur reprochait donc le sultan ghaznévide ? Choqué par les danses lascives et la musique, qui lui paraissaient le summum de l’immoralité, de ces tribus nomadisantes, inassimilables et d’ailleurs déjà considérées comme hors-castes dans l’Inde aryenne, Mahmoud voyait de surcroît en elles des pépinières de parasites et de voleurs.
Ajoutons que, d’abord fort bien accueillies en terres chrétiennes dont, contrairement à la diaspora juive de l’époque, elles adoptèrent systématiquement la religion, la langue et les patronymes, ces victimes de l’islam devinrent vite un poids pour les pays hôtes. Depuis un millénaire, de la mer Noire au détroit de Gibraltar, tous ont achoppé devant la résolution de la question rrom.
Exclusion forcée ou volontaire ?
Prise à l’issue d’une réunion interministérielle le 23 août et annoncée en fanfare par le premier ministre Jean-Marc Ayrault, la décision d’assouplir les restrictions du travail des Rroms en leur ouvrant plus largement le marché de l’emploi et en supprimant la taxe pesant sur les employeurs potentiels de ces clandestins – du moins jusqu'en 2014 puisque les ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie devront attendre cette date pour profiter totalement du principe de libre circulation européen et d’un permis de travail – suffira-t-elle à favoriser l’insertion des intéressés ? Si les Verts, le Parti communiste et le MRAP ainsi que la Commission européenne qui a maintes fois flétri notre « racisme » ont bruyamment applaudi ces mesures, rien n’est moins sûr car la volonté d’insertion des bénéficiaires n’est justement pas évidente.
D’une enquête publiée en 2007 par l'European Roma Right Center sur l' « exclusion » des Rroms du marché de l'emploi dans plusieurs pays de l’Est (Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Roumanie et Slovaquie), il ressortait en effet que 35% d'entre eux se définissaient comme ouvriers non qualifiés, 27% comme ouvriers qualifiés, 18% déclarent travailler dans « le nettoyage », terme des plus flous, et 61% se disaient sans emploi, 2% d’entre eux seulement revendiquant le statut de cadre. Or, le communisme qui avait sévi pendant près d’un demi-siècle dans ces pays, où il se flattait de créer un « homme nouveau », avait mis en place des politiques très actives, sinon coercitives, pour sédentariser et « normaliser » leurs Tziganes… qui s’ingénièrent à s’y soustraire. Si le totalitarisme marxiste a échoué dans cette tâche, on voit mal par quel miracle notre République pourrait réussir, d’autant que le ventre de la communauté dite rrom est encore très fécond et divers.
Un ventre très fécond
Lors de l’éclatement du Bloc de l’Est à partir de 1989, on estimait entre deux à deux millions et demi le nombre des Tziganes vivant en Europe orientale. Il faut y ajouter désormais ceux de Russie, de la Moldavie ex-soviétique – que de faux papiers font ici passer pour roumains puisqu’ils parlent la langue de Ionesco. Mais aussi, car l’histoire repasse les plats, il faut également ajouter leurs congénères de Turquie, de Tchétchénie, de Bosnie, d’Albanie ou du Kossovo où un islamisme revigoré les a tacitement décrétés personae non gratae bien qu’ils soient, ou en tout cas se disent, mahométans. Les mendiantes en hijab mais cigarette au bec qui pullulent devant les mosquées turques de Paris ou de Strasbourg sont ainsi des Cingenes, variété anatolienne des Rroms. Il est d’ailleurs curieux que nos humanistes, si enclins à condamner l’égoïsme des Européens de l’Ouest et la brutalité de Bucarest, de Budapest ou de Sofia face aux gens du voyage déracinés, n’évoquent jamais la responsabilité des régimes musulmans dans leur exode. De même préfèrent-ils oublier, il est vrai, que la Suède social-démocrate, mais très eugéniste, du défunt Olof Palme stérilisa sans états d’âme quelque 60.000 de ses Tziganes. Sans doute a-t-elle versé depuis des indemnités aux victimes, mais c’est peu cher payé pour régler une épineuse question.
Une délinquance exponentielle, multiforme et multinationale
« La délinquance roumaine (sic) en France », qui a « augmenté de plus de 69% entre 2009 et 2011 », selon un rapport de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) divulgué le 24 août par Le Parisien, est « une réalité » qu'il « ne faut surtout pas nier », a reconnu le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. C’est cette délinquance qu’il nous faut affronter aujourd’hui. Le ministre a donc préconisé une extrême « fermeté contre la délinquance, celle de la rue mais aussi contre le crime organisé quand il s'agit d'exploitation des mineurs, de femmes, d'hommes, notamment en vue de la prostitution », celle-ci en effet galopante.
Paroles, paroles… Comment oser parler de fermeté quand, pour le même délit, vol avec violence d’un collier en or, un adolescent « roumain » écopait à Monaco de huit mois de prison ferme alors qu’un autre était simultanément relaxé, avec simple suivi judiciaire, par le Tribunal correctionnel de Nice, dépendant de Mme Christine Taubira ? Ou encore quand, toujours à Nice, trois adolescentes « bosniaques » découvertes le 15 août à leur descente du tramway qu’elles venaient d’écumer, en possession de 800 dollars en liquide, ont été gentiment placées dans un foyer… dont elles se sont immédiatement évaporées ?
Rien d’étonnant dans ces conditions si la délinquance des « fils du vent » mineurs a connu une courbe plus ascendante encore que celle des adultes, soit +102,92% en deux ans pour les seuls « Roumains » : plus de 5.000 d’entre eux ont ainsi été mis en cause en 2011, avec « une concentration près des grandes villes et des secteurs touristiques ». Cette plaie, aucun gouvernement n’a su ni voulu en venir à bout depuis l’irruption des gamins « yougoslaves » formés (souvent de manière barbare) au vol à la tire et implantés par des gangs dans la capitale et sur la Côte d’Azur dès le début des années 80 de l’autre siècle.
15.000… ou 150.000 ?
De plus, le ministre Valls ne nous a pas expliqué comment, alors que son gouvernement n’estime qu’à 15.000 le nombre de Rroms installés en France, la Direction centrale de la police judiciaire parle, elle, de « 20.000 Roumains mis en cause en 2011 » : 20.000 personnes impliquées dans des « faits de cambriolage, d'escroquerie et de vol à l'étalage » mais aussi de proxénétisme, de trafic d’animaux (vendus à des laboratoires ou à des particuliers abusés par de faux certificats d’origine et de vaccination) et de vol de métaux pouvant conduire à des catastrophes, ferroviaires notamment – contre 12.000 seulement en 2009. Si bien qu’en 2011, précise la DCPJ, « un étranger mis en cause sur dix est un ressortissant roumain ».
Cela signifie-t-il que TOUS les « Roumains » sont des délinquants ou présentent un taux de récidive exceptionnel, ou tout simplement que les statistiques officielles sont fausses et que les « 15.000 » avoués par le premier ministre sont infiniment plus nombreux ? Leur présence massive, s’ajoutant au sentiment d’impunité qui les anime, de manière très légitime d’ailleurs compte tenu du laxisme des pseudo-autorités judiciaires, engendre un nouveau problème : une violence croissante aussi bien contre les victimes qui osent résister que contre la police, narguée et accueillie au couteau, voire à la kalashnikov par les bandes qu’elle s’aventure à tenter de neutraliser.
Dès juillet 2011, alors que cette criminalité spécifique avait augmenté de 72,4% au premier semestre par rapport au premier semestre 2010, de hauts responsables policiers s'inquiétaient d’ailleurs de la délinquance « générée par les ressortissants roumains » en région parisienne où, selon eux, elle « explosait, se diversifiait et devenait violente à l'égard des forces de l'ordre ». Rassurons-nous toutefois : fin janvier 2012, le préfet de police Michel Gaudin faisait savoir que « le nombre de Roumains interpellés à Paris avait augmenté de 78% en 2011 ». Dormez en paix, braves gens…
Bravo, mais combien de ces délinquants ont-ils été effectivement écroués et condamnés à de lourdes peines puisque la législation ne permet pas de les expulser séance tenante avec interdiction définitive du territoire national ? D’autre part, on l’a vu, les « Roumains » ne constituent qu’une partie de la galaxie rrom, même s’ils sont sans doute majoritaires. Quels chiffres atteindrait-on si l’on ajoutait aux « Roumains » les « Bulgares », les « Slovaques », les « Serbes », les « Bosniaques » et autres « Kossovars » qui ont, eux aussi, envahi la France « grande et généreuse » en allocations de tout poil ?
Mais ces chiffres-là seront-ils jamais accessibles au grand public ? Les associations veillent, promptes à dégainer l’arme de destruction totale des nations qu’est l’antiracisme. « On n'est jamais totalement satisfait. On peut toujours faire mieux », a d’ailleurs déclaré Laurent El Ghozi, cofondateur du collectif Romeurope, en prenant connaissance des mesures prises en faveur de ses protégés avant de condamner solennellement les démantèlements de campement.
L’exemple des Amish
Que les Rroms et assimilés constituent par certains côtés – leur musique, leur passion pour la liberté et leur attachement à leur identité profonde – un peuple attachant et que, inadaptés à nos sociétés normatives et de plus régies par la technologie, ils traversent une passe difficile, est incontestable. Mais, après tout, les 300.000 Amish des Etats-Unis, cette communauté anabaptiste des Etats-Unis s’obstinant à vivre comme les paysans hollandais du XVIIe siècle, semblent eux aussi inadaptés à notre époque, et pourtant ils ne posent aucun trouble à l’ordre public, bien au contraire, alors que leur population double tous les vingt ans en raison d’une très forte natalité : huit enfants par famille en moyenne.
De plus, en pleine crise économique, tandis que se multiplient les « nouveaux pauvres » autochtones, tandis que la criminalité (et non l’insécurité, qui n’est pas une réalité mais un sentiment) empoisonne la vie de tant de Français souvent modestes, à l’heure où les prisons explosent sous la pression de détenus généralement étrangers (3), avons-nous les moyens de faire face à une nouvelle immigration dont la faculté et surtout le désir d’intégration sont des plus aléatoires ?
(1) Terme choisi par la Roumanie pour éviter toute confusion et que, par égard pour les compatriotes de Cioran et de Brancusi, on nous permettra d’adopter ici.
(2) Voir L’Inde de l’islam, par Louis Frédéric, éd. Arthaud 1989.
(3) Jusqu’à 80% de musulmans dans de nombreux établissements de l’Hexagone, selon le sociologue iranien Farhad Khosrokhavar dans son étude déjà ancienne, L'Islam dans les prisons, éd. Balland 2004.
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