Le coup du diesel ou comment se servir de l’écologie pour relancer l’industrie
Le cache-sexe moral est un classique de l’hypocrisie des gouvernants. Le coup du diesel est à cet égard un cas d’école. Comme par hasard, on s’inquiète un beau jour, au détour d’un rapport, de la pollution du diesel et de ses effets terribles sur la santé. On annonce que pour limiter le diesel on va augmenter les taxes pour amener progressivement son prix au niveau du super sans plomb.
Le problème, c’est que plus de 80 % des voitures françaises roulent au diesel par la volonté des gouvernements successifs. Il s’agissait, avant tout, de moins taxer un produit utilisé par les professionnels. Le routier avant le taux d’ozone. Mais nous avons changé d'époque et la pollution serait devenue la première priorité… à l’exception de toutes les autres. Cela tombe bien ! Notre industrie automobile est aux abois. Cela devrait réjouir un gouvernement qui veut limiter l’automobile… Et bien non !
Bon dieu, mais c’est bien sûr, on a trouvé la solution : on justifie la relance du marché par un souci environnemental. On va réinventer la prime à la casse qui a si bien marché. Mais comme il n’est pas question d’imiter le précédent gouvernement, on met en avant une motivation morale d’écologie et de santé.
Le gouvernement réfléchit donc à l’instauration d’une « prime de conversion », ressemblant comme une sœur jumelle à une « prime à la casse », afin d’aider au remplacement des véhicules diesel les plus anciens, pour améliorer la qualité de l’air.
Le ministère du Redressement productif a indiqué à l’AFP «qu’un travail est en cours» pour éventuellement instituer cette « prime de conversion », confirmant une information du Parisien. « Cela se décidera dans les prochaines semaines », indique-t-on au cabinet d’Arnaud Montebourg qui se déclare « assez favorable » à cette idée. La principale question, outre son coût, est de déterminer si on favorise l’achat de voitures neuves utilisant de l’essence ou des véhicules au diesel respectant les nouvelles normes. Pourquoi ne pas octroyer cette prime pour l’achat de véhicules d’occasion fonctionnant à l’essence ? En effet, souligne-t-on au ministère, les détenteurs des véhicules qu’on voudrait retirer de la circulation sont souvent des familles modestes qui n’auront peut-être pas les moyens financiers, même avec une aide gouvernementale, d’acheter une voiture neuve.
Mais l’objectif est bien là : sauver notre industrie automobile. Les véhicules roulant au diesel représentent un tiers du parc automobile, de quoi relancer les ventes et sauver le secteur automobile. Pour le gouvernement actuel qui expliquait qu’il fallait réduire l’utilisation de l’automobile pour gagner la bataille contre la pollution et changer le monde en changeant la société, se servir de la pollution pour vendre des voitures, c’est tout de même un bon coup.
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