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Le blog politique de Thomas JOLY

Le crépuscule du macronisme

11 Juin 2024, 06:15am

Publié par Thomas Joly

La sentence est tombée : plus de 85 % des Français qui sont allés voter ce 9 juin 2024 ont rejeté le macronisme. Une déroute. Les Français ne veulent plus de Macron : c’est ainsi que l’on peut interpréter ces résultats implacables, si l'on observe avec un peu de hauteur le champ de bataille. Oui mais, me direz-vous, c’était des élections européennes, pas nationales. Bah si, justement ! Sinon, le président de la République ne se serait pas adressé aux Français à trois jours du scrutin, histoire de leur fiche la pétoche, et il ne se serait pas empressé de dissoudre l’Assemblée nationale, à peine tombés les résultats, en prenant des accents crépusculaires.

85 % des Français ont donc rejeté Macron. La pauvre Valérie Hayer, qui aura fait ce qu’elle pouvait, c’est-à-dire pas grand-chose, fait moins de 15 %. Certes, elle pourrait se consoler en se souvenant du score de la liste socialiste aux européennes de 2014 : 13,98 % après deux ans de hollandisme. Mais ce serait vite oublier qu'à l'époque, le FN de Marine Le Pen, arrivé en tête du scrutin, ne l’avait emporté « qu’avec » 24,86 % des suffrages, alors qu’il avoisine les 32 % aujourd’hui ! Que l’UMP - la fameuse « droite républicaine » - tirait encore son épingle du jeu, avec presque 21 % des suffrages. Après sept ans de Macron à l'Élysée, alors que, souvenons-nous, le macronisme devait bazarder l’ancien monde (exit le PS et les LR !) tout en faisant reculer le FN, depuis devenu RN, ce dernier est désormais le premier, caracolant en tête à 32,6 % des suffrages. Cerise sur le gâteau : le RN fait plus du double de la liste de la majorité présidentielle (c’est comme ça que s’intitulait la liste de Hayer, preuve que c’était bien un suffrage national et non européen !). Sans oublier le petit plus, on va dire le petit geste commercial : une extrême gauche qui ne faiblit pas (avec 9,2 %, LFI fait trois points de plus que Mélenchon aux européennes de 2014), malgré (ou à cause de ?) la bordélisation de l'Assemblée nationale, avec pourtant (ou à cause de ?) un discours qui s’est radicalisé, pour ne pas dire islamo-gauchisé. On a envie de dire à Macron : « chapeau, l’artiste ! » Il se rêvait Giscard rassemblant deux Français sur trois. Il s'est mis à dos 85 % des Français !

Donc, on aura beau tourner et retourner la feuille des résultats de cette élection comme on veut, en long, en large ou en travers : c’est une défaite cuisante pour Emmanuel Macron. Le macronisme de la « période bleue » se voulait comme une sorte de fin du politique, de la politique, comme d'autres, après la chute du mur, voyaient venir la fin de l'Histoire. La politique lui revient comme un boomerang en pleine figure. Et l'Histoire en plus, avec la guerre à l'horizon, alors qu'à l'évidence il n'est pas taillé pour ça, malgré ses coups de menton et ses rodomontades. Oui mais, me direz-vous encore, c’est loin d’être gagné pour Le Pen et Bardella. Peut-être. Mais de toute façon, et quels que soient les résultats des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, ce sera le crépuscule du macronisme. Première hypothèse : le RN l’emporte. Macron, celui qui était le jeune homme fringant de 2017, fera du Mitterrand. Pas du Macron. Il se voulait Bonaparte au pont d’Arcole, il terminera en père Queuille. Deuxième hypothèse : il réussit à sauver les meubles en s’aidant des LR (déjà, la Macronie a annoncé qu’elle ne présenterait pas de candidat contre des députés sortants « faisant partie du champ républicain » (on parlait de « l’arc », voici venu le temps du « champ républicain »…). Rien ne dit, à ce jour, qu’il obtiendra une majorité absolue à l'Assemblée, étant donné le rapport des forces en présence. Donc, on reprendrait le cabotage institutionnel que l’on connaît depuis deux ans ? Une longue et lamentable agonie jusqu’en 2027 ? Macron et le macronisme auront donc épuisé la France : socialement, sociétalement, économiquement, politiquement, institutionnellement, nerveusement, moralement.

Georges Michel

Source : http://bvoltaire.fr

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