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Le blog politique de Thomas JOLY

Mutuelles : ces (gros) intérêts financiers qui se cachent derrière l’euthanasie

21 Décembre 2023, 07:23am

Publié par Thomas Joly

C'est une publicité pour la MGEN (Mutuelle générale de l'Éducation nationale) qui circule sur les réseaux sociaux dans laquelle Aurélie, 44 ans, atteinte depuis des années d'un cancer incurable, et accessoirement adhérente à la MGEN, « revendique le droit d'avoir le choix de dire non aux traitements, qu'ils soient curatifs ou palliatifs [...] c'est au patient de décider comment il veut mourir ».

Aurélie a toute notre compassion, c'est une évidence qui ne nous interdit pas de chercher à savoir qui est derrière la vidéo d'Aurélie et pourquoi. Les organismes de complémentaire santé ont envahi la vie des Français à mesure que l'État décidait de dérembourser certains médicaments et autres frais de santé, et particulièrement depuis une loi de 2016 obligeant l'employeur à proposer une mutuelle à ses salariés. Le  groupe MGEN, « deuxième complémentaire santé préférée des Français », « première mutuelle des agents du service public », forte de ses 10.000 collaborateurs, de ses 3.500 militants (sic) et de ses 4,2 millions d'adhérents, est bien plus qu'une mutuelle. C'est aussi un organisme militant particulièrement en pointe dans le combat euthanasique qui entretient des rapports étroits avec l'ADMD (Association pour le droit à mourir pour la dignité).

Des copinages entre mutuelles et associations militantes qui interrogent

Ainsi, en septembre 2022, la MGEN, qui participait au 43e congrès de la Mutualité française à Marseille, exhibait une enquête IFOP - commandée par elle-même - intitulée « Regards sur la fin de vie en France », se félicitant publiquement des résultats (« 92 % des sondés favorables à l'aide active à mourir »), preuve de cette « envie des Français à faire évoluer les causes sociétales. Malgré les signes de montée des intégrismes, venus des mouvements religieux hostiles à la modernisation culturelle (sic) puisqu'une majorité de français sont favorables à l'aide active à mourir. »

Lors de cette grande réunion à Marseille, et conjointement avec  la Mutualité française, dont l'ancien patron, Thierry Beaudet (aujourd'hui membre du CESE), a, en 2020, flirté avec le conflit d'intérêts en signant une tribune dans le JDD pour le « droit à mourir », la MGEN participait à une conférence réunissant des militants pro-euthanasie dont François Damas, membre de la commission euthanasie en Belgique, et un certain Jean-Luc Romero, président d'honneur de l'ADMD. Et c'est très régulièrement que l'association est ainsi invitée à exposer ses projets  « fin de vie » lors de rencontres avec le public organisées par ces mutuelles.

Un engagement de longue durée : « Depuis deux ans, la MGEN a engagé une réflexion collective auprès de son tissu militant, de son tissu salarié et de ses adhérents », précisait Matthias Savignac, président du groupe MGEN au micro de France Info, au mois d'octobre. L'occasion, pour lui, d'annoncer la signature par la MGEN, conjointement avec l'ADMD et 16 autres organisations de la société civile (dont la Ligue des droits de l'homme, UNSA-Éducation, la Fédération des mutuelles de France et la Fédération des crématistes de France), d'un pacte progressiste pour « parler d’une même voix pour être plus forts, mieux entendus et mieux compris ».

Sous un discours humaniste, des économies substantielles ?

Comment expliquer cet acharnement ? « Par l'argument le plus glauque », selon l'expression du philosophe militant André Comte-Sponville rapportée par Tugdual Derville, porte-parole d'Alliance VITA : le motif économique. Que l'ADMD dévoile sans complexe dans les colonnes du magazine Pleine Vie destiné à un public senior (ça ne s'invente pas), histoire que ces chiffres ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd : « Le coût d’une mort assistée est évalué entre 7.000 et 11.000 € hors transport. »

Mais selon l'ADMD, cet argument financier relève d'un « faux problème », puisque « le maintien d'une personne en vie dans un état végétatif est, lui, estimé en moyenne à 595 € par jour [financés par] la Sécurité sociale, une dépense qui peut durer plusieurs mois ». Et qu'« à titre d’exemple », les soins prodigués à Vincent Lambert ont eu « un coût de 2 millions d’euros pour la Sécurité sociale ».

Une petite ritournelle qui peu à peu imprègne les mentalités : « Dans les six derniers mois de notre vie », nous coûtons autant à la Sécurité sociale que pendant tout le reste de notre existence, précise Comte-Sponville. Voilà qui fera l'affaire des mutuelles, intéressées sûrement par la disparition de ses cotisants en cette période délicate où ils coûtent plus qu'ils ne rapportent. Une aubaine pour le Canada qui a bien assimilé la leçon : 149 millions de dollars ont ainsi été économisés sur les frais de santé depuis la légalisation du suicide assisté.

Pour la France, Jonathan Denis, président de l'ADMD, a beau protester, « cette loi sur la fin de vie n’imposera rien à personne », y a pas à dire, l'étau se resserre, et peut-être pas comme on l'avait imaginé.

Sabine de Villeroché

Source : http://bvoltaire.fr

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