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Le blog politique de Thomas JOLY

La « Fresque de la diversité » ou le kit du bourrage de crâne en entreprise ?

1 Juin 2023, 06:14am

Publié par Thomas Joly

Orwell n'avait pas prévu ça : non seulement l'État est en voie de wokisation accélérée, mais maintenant, le secteur privé s'en mêle. Cette fois, ce n'est donc pas pour contrôler les citoyens, que la pensée unique s'invite dans les entreprises. Les citoyens le font désormais très bien eux-mêmes. C'est que, dans une entreprise, il faut vendre, et si c'est l'inclusivité qui rapporte, eh bien, soit : il n'y aura plus qu'à l'ajouter au « green-washing ». Voici donc la Fresque de la diversité. Ce n'est pas du tout une fresque, hâtons-nous de le dire (ces gens seraient bien incapables d'en produire une), c'est un jeu de société en 42 vignettes cartonnées, qui vise à construire « une société plus inclusive et plus apaisée ». Et cette terrifiante conclusion : « La Fresque de la diversité se veut être aux défis sociaux ce que la Fresque du climat est aux défis climatiques ! » Combien faudra-t-il de ces prétendues « fresques » pour que l'humanité soit enfin rééduquée ? C'en est vertigineux.

La forme de cette œuvre de propagande, infantilisante à souhait, « pédagogique », interroge d'emblée : les règles sont disponibles sur le site de la « fresque », pour ceux que cela intéresse. Si l'on se penche ensuite sur les créateurs de ce « jeu », on comprend mieux la convergence objective entre l'hystérie déconstructrice des « inclusifs » et l'appât du gain des multinationales. C'est un professeur (pardon, une professeure) de l'ESSEC qui a développé ce jeu, dans le cadre de la « transition écologique et sociale » de la grande école de commerce. La page d'accueil ajoute que 400 milliards de dollars seraient ainsi perdus à cause de ces inégalités. Voilà le point où le capitalisme et le nihilisme se rejoignent : sur la rééducation du consommateur. La nouvelle génération, à la fois extrémiste et inculte, veut consommer vert et inclusif parce qu'on lui a bourré le crâne avec les inepties américaines ? Pas de problème ! Les grosses boîtes prennent l'engagement de formater leurs salariés. Tout le monde est content.

Comment se passe ce jeu ? Attention les yeux (ou, plutôt, attention les oeil.le.s) : « L’atelier s’appuie sur un ensemble de cartes-notions, supports à l’échange et au débat, dont le groupe doit constituer collectivement un processus logique. Les cartes sont successivement distribuées par lots, introduites chacune par un mini-jeu, permettant aux participant·es de se familiariser avec les notions abordées dans les cartes à découvrir. Chaque étape de l’atelier est débriefée par le·la facilitateur·ice. » Tout simplement. On joue donc comme des enfants. Chacun doit réciter sa leçon en faisant un petit jeu. Puis, le.la facilitateur.ice reprend tout.e le monde.e pour récapituler ce qu'il fallait penser. Pendant ce temps, les entreprises chinoises récitent le catéchisme de leur société avant de faire 80 heures par semaine. Ce n'est pas mieux, bien sûr, mais c'est plus efficace. Les futurs maîtres du monde (Chine et Inde) n'ont pas nos complexes. Il y a, en Inde, un terrible système de castes, exclusif à souhait ; il y a, en Chine, une dictature nationaliste. Personne ne perd son temps à s'auto-flageller.

La liste des entreprises françaises qui ont sacrifié leur âme au nouveau diviseur inclusif, avatar postmoderne sorti des vieilles fournaises du père du mensonge, est impressionnante. Il faut ce qu'il faut, n'est-ce pas. On voit d'ici le profil des facilitateur.ices qui seront chargé.e.s de porter la bonne parole. On commence à connaître, dans le monde de l'entreprise comme dans la haute administration, ces profils, souvent féminins, qui se veulent bienveillants et inclusifs, mais n'ont rien de plus pressé que de dénoncer et de mettre à l'écart, soit sur le mode psychiatrisant, soit sur le mode passif-agressif, soit avec une bonne vieille dénonciation (et, en tous les cas, avec la mort sociale à la clé), tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Ce bourrage de crâne en kit est la nouvelle religion de notre temps. Malheur à qui ne respecte pas ses sacrements ! On dirait ces banderoles pleines de « paix et d'amour » faites en Indochine par les prisonniers français du camp n° 1. Derrière les sourires de façade et les slogans pacifistes de Bisounours, les semaines de torture, de dysenterie et de mauvais traitements pour ceux qui résistent. Le meilleur des mondes est à ce prix.

Arnaud Florac

Source : http://bvoltaire.fr

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